Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

446 VARIANTES D’ADÉLAÏDE DU GUESCLIN.

AI) EL AÏ HE.

Prince, j’ai rcnformé dans le fond de mon âme Le secret de ma vie et celui de ma nanime. Tremblante, j’ai parlé de la constante foi Que le sang de Gucsclin doit garder à son roi. Mais, hélas ! cette foi, plus tendre et plus sacrée, Que je dois îi vos feux, que je vous ai jurée, Qui de tous mes devoirs est le plus précieux, Voilà ce que je crains qui n’éclate à ses yeux.

SCENE III.

V E N n Ô M E.

Et par un prompt aveu, qui m’eût guéri sans doute,

M’épargner les affronts que ma bonté me coûte.

Vous avez attendu que ce cœur désolé

Eût tout quitté pour vous, vous eût tout immolé.

Vous vouliez à loisir consommer mon outrage ;

Jouir de mon opprobre et de mon esclavage ;

Appesantir mes fers quand vous les dédaignez,

Et déchirer en paix un cœur où vous régnez.

Mes maux vous ont instruit du pouvoir de vos charmes ;

Votre orgueil s’est nourri du tribut de mes larmes.

Je n’en suis point surpris ; et ces séductions

Qui vont au fond des cœurs chercher nos passions,

Tous ces pièges secrets, tendus à nos faiblesses.

L’art de nous captiver, d’engager sans promesses.

Sont les armes d’un sexe aussi trompeur que vain.

ADÉLAÏDE.

Je vous en fais l’aveu, je m’y vois condamnée.

Mais je mériterais la haine et le mépris

Du héros dont mon cœur en secret est épris.

Si jamais d’un coup d’œil l’indigno complaisance

Avait à votre amour laissé quelque espérance.

Vous le savez, seigneur, et malgré ce courroux,

Votre estime est encor ce que j’attends de vous.

Trop tôt pour tous les trois, vous apprendrez peut-être

Quel héros de mon cœur en effet est le maître.

De quel feu vertueux nos cœurs sont embrasés,

Et vous m’en punirez alors, si vous l’osez.

SCENE IV.

VENDOME, NEMOURS.

VENDÔME.

Elle me fuit, l’ingrate ! elle emporte ma vie honte qui m’accable ! ô ma bonté trahie !