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VARIANTES D’ADÉLAÏDE DU GIJESCLIN. 151

Instruit à la vertu, mais capable du crime : Prévenez sa vengeance, éloignez-vous, partez.

ADÉLAÏDE.

V^ous restez exposé seul à ses cruautés.

NEMOURS.

  • Ne craignant rien pour vous, jn craindrai peu mon frère.

Que dis-jo ? mon appui lui devient nécessaire ;

Son captif aujourd’hui, domain son protecteur. Je saurai de mon roi lui rendre la faveur ; Et fidèle à la fois aux lois de lu nature, Fidèle h vos bontés, à cette ardeur si pure, A ces sacres liens qui m’attachent à vou-i. J’attendrai mon bonheur de m )n frère et de vous.

ADÉLAÏDE.

Je vous crois, j’y consens, j’accepte un tel augure.

Favorisez, ô ciel, une flamme si pure !

Je ne m’en défends plus : mes pas vous sont soumis.

Je l’ai voulu, je pars… cependant je frémis :

  • Je ne sais, mais enfin, la fortune jalouse
  • Ma toujours envié le nom de votre épouse.

NEMOURS.

Ah ! que m’avez-vous dit ? vous doutez de ma foi ! ■ Ne suis-je plus à vous ? n’ôtes-vous plus k moi ? Toutes nos factions et tous les rois ensemble Pourraient-ils affaiblir le nœud qui nous rassemble ? Non ; je suis votre époux. La pompe des autels,

  • Ces voiles, ces flambeaux, ces témoins solennels,

’Inutiles garants d’une foi si sacrée,

  • La rendront plus connue, et non plus assurée.
  • Vous, mânes des Bourbons, princes, rois mes aïeux,
  • Du séjour des héros tournez ici les yeux !
  • J’ajoute à votre gloire en la prenant pour femme.
  • Confirmez mes serments, ma tendresse, et ma flamme ;
  • Adoptez-la pour fille ; et puisse son époux
  • Se montrer à jamais digne d’elle et de vous !

ADÉLAÏDE.

Tous mes vœux sont comblés ; mes sincères tendresses Sont loin de soupçonner la foi de vos promesses ; Je n’ai craint que le sort qui va nous séparer. Mais je ne le crains plus, j’ose tout espérer ;

  • Rempli de vos bontés, mon cœur n’a plus d’alarmes.
  • Cher amant, cher époux…

NEMOURS.

Quoi ! vous versez des larmes ; C’est trop tarder, adieu. Ciel ! quel tumulte affreux !

SCÈNE III. VENDOME, GARDES, ADÉLAÏDE, NEMOURS.

VENDÔME.

  • Je l’entends, c’est lui-même… arrête, malheureux !