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198 LK DUC DE l’OlX.

Le grand cœur (rAïuélic est du parti des rois ; Contre eux, vous le savez, je sers le duc de Foix ; Ou plutôt je coml)ats ce redoutable maire, Ce Pépin qui, du trône heiireii.v dépositaire. En subjuguant l’État, en soutient la splendeur, Et de Thierri son maître ose être protecteur. Le duc de Foix ici vous tient sous sa puissance : J’ai de sa passion pivvu la violence ; Et sur lui, sur moi-même, et sur votre intérêt. Je viens ouvrir mon cteur, et dicter mon arrêt.

  • Écoutez-moi, madame, et vous pourrez connaître
  • L’âme d’un vrai soldat, digne de vous peut-être.

AMÉLIE.

  • Je sais quel est Lisois ; sa noble intégrité
  • Sur ses lèvres toujours plaça la vérité.
  • Quoi que vous m’annonciez, je vous croirai sans peine.

LISOIS.

  • Sachez que si dans Foix mon zèle me ramène,

Si de ce prince altier j’ai suivi les drapeaux.

Si je cours pourlui seul à des périls nouveaux,

  • Je n’approuvai jamais la fatale alliance
  • Qui le soumet au Maure, et l’enlève à la France ;
  • Mais, dans ces temps atTreux de discorde et d’horreur,
  • Je n’ai d’autre parti que celui de mon cœur.
  • Non que pour ce héros mon àme prévenue
  • Prétende à ses défauts fermer toujours ma vue :
  • Je ne m’aveugle pas ; je vois avec douleur
  • De ses emportements l’indiscrète chaleur ;
  • Je vois que de ses sens l’impétueuse ivresse
  • L’abandonne aux excès d’une ardente jeunesse ;
  • Et ce torrent fougueux, que j’arrête avec soin,
  • Trop souvent me l’arrache et l’emporte trop loin.
  • Mais il a des vertus qui rachètent ses vices.
  • Eh ! qui saurait, madame, où placer ses services,
  • S’il ne nous fallait suivre et ne chérir jamais
  • Que des cœurs sans faiblesse, et des princes parfaits ?
  • Tout le mien est à lui ; mais enfin cette épée
  • Dans le sang des Français à regret s’est trempée ;

Je voudrais à l’État rendre le duc de Foix.

AMÉLIE.

Seigneur, qui le peut mieux que le sage Lisois ? Si ce prince égaré chérit encor sa gloire,