Elle se taira donc, monsieur, à votre farce.
Eh ! pourquoi, s’il vous plaît ?
Que l’on hait les mauvais plaisants.
Mais que voulez-vous donc pour vos amusements ?
Toute autre chose.
Eh quoi ! des tragédies
Qui du théâtre anglais soient d’horribles copies[1] !
Non, ce n’est pas ce qu’il nous faut :
La pitié, non l’horreur, doit régner sur la scène.
Des sauvages Anglais la triste Melpomène
Prit pour théâtre un échafaud.
Aimez-vous mieux la sage et grave comédie
Où l’on instruit toujours, où jamais on ne rit,
Où Sénèque et Montaigne étalent leur esprit.
Où le public enfin bat des mains, et s’ennuie[2] ?
Non, j’aimerais mieux Arlequin
Qu’un comique de cette espèce :
Je ne puis souffrir la sagesse.
Quand elle prêche en brodequin
Oh ! que voulez-vous donc ?
Un ridicule fin, des portraits délicats,
De la noblesse sans enflure ;
Point de moralités : une morale pure
Qui naisse du sujet, et ne se montre pas.