Scène V.
Oui, je suis venu en toute diligence, et je ne puis trop vous remercier de l’heureuse occasion que vous me donnez de faire pendre quelqu’un : je vous devrai toute ma réputation.
Corbleu ! vous êtes plus heureux que vous ne pensez ; cet homme a des complices, il faudra faire donner la question ordinaire et extraordinaire à sept ou huit personnes.
Dieu soit loué ! instrumentons au plus tôt. Où est l’accusé ?
C’est ce coquin-là. Condamnez-le comme voleur de grand chemin, faussaire, et ravisseur de fille.
Çà, dépêchons. Votre nom, votre âge, vos qualités… (Reconnaissant le comte.) Dieu paternel ! c’est monsieur le comte de Fatenville, le fils de monsieur le marquis mon parrain.
Qu’est-ce que j’entends ?
En voici bien d’une autre.
Miséricorde !
Ce vieux fou de baron s’est mis dans la tête que je n’ai pas l’honneur d’être monsieur le comte de Fatenville.
Quoi ! ce serait en effet là monsieur le comte ?
Rien n’est si certain.
Ah ! monsieur le comte, je vous demande pardon ; j’ai été trompé par ces deux coquins-ci. (Il montre le chevalier et Trigaudin, puis dit à ses gens :) Délions vite monsicur le comte ; qu’on lui rende ses armes !