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336 LA MORT DE CÉSAR.

Il vont que dans nno lioure on s’assoml)Ie au sénat.

Dans une heure, l>rutus, César cliani^e l’État.

De ce sénat sacré la moitié corrompue,

Ayant aclieté Rome, à César Ta vendue ;

Plus làclie (jue ce peuple à (]ui, dans son malheur.

Le nom de roi du moins fait toujours quelque horreur.

César, déj ; \ trop roi, veut encor la couronne :

Le peuple la refuse, et le sénat la donne.

Que faut-il faire cnhn, héros qui m’écoutez ?

CASSIUS.

Mourir, iinh’ des jours dans l’opprohre comptés. J’ai traîné les liens de mon indigne vie Tant qu’un peu d’espérance a flatté ma patrie ; Voici son dernier jour, et du moins Cassius Ne doit plus respirer lorsque l’État n’est plus. Pleure qui voudra Rome, et lui reste lidèle ; Je ne peux la venger, mais j’expire avec elle. Je vais où sont nos dieux…

(En regardant leurs statues.)

Pompée et Scipion, Il est temps de vous suivre, et d’imiter Caton.

BRUTUS.

Non, n’imitons personne, et servons tous d’exemple ;

C’est nous, hraves amis, que l’univers contemple ;

C’est à nous de répondre à l’admiration

Que Rome en expirant conserve à notre nom.

Si Caton m’avait cru, plus juste en sa furie.

Sur César expirant il eût perdu la vie ;

Mais il tourna sur soi ses innocentes mains ;

Sa mort fut inutile au honheur des humains.

Faisant tout pour la gloire, il ne fit rien pour Rome ;

Et c’est la seule faute où tomha ce grand homme.

CASSIUS.

Que veux-tu donc (ju’on fasse en un tel désespoir ?

B P. L T L S, montrant le billet.

Voilà ce qu’on m’i^’crit, voilà notre devoir.

CASSIUS.

On m’en écrit autant, j’ai reru ce reproche.

BKUTLS.

C’est trop le mériter

CIMBER.

L’heure fatale approche.