Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/426

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D’armes et d’ennemis ces champs sont inondés :
Ils marchent vers ces murs, et le nom de Zamore
Est le cri menaçant qui les rassemble encore.
Ce nom sacré pour eux se mêle dans les airs,
À ce bruit belliqueux des barbares concerts.
Sous leurs boucliers d’or les campagnes mugissent,
De leurs cris redoublés les échos retentissent,
En bataillons serrés ils mesurent leurs pas,
Dans un ordre nouveau qu’ils ne connaissaient pas ;
Et ce peuple autrefois, vil fardeau de la terre,
Semble apprendre de nous le grand art de la guerre.

Gusman.

Allons, à leurs regards il faut donc se montrer.
Dans la poudre à l’instant vous les verrez rentrer.
Héros de la Castille, enfants de la victoire,
Ce monde est fait pour vous, vous l’êtes pour la gloire,
Eux pour porter vos fers, vous craindre, et vous servir.

Zamore.

Mortel égal à moi, nous faits pour obéir !

Gusman.

Qu’on l’entraîne.

Zamore.

Oses-tu ? Tyran de l’innocence,
Oses-tu me punir d’une juste défense ?

(aux espagnols qui l’entourent,)
 
Êtes-vous donc des dieux qu’on ne puisse attaquer ?
Et teints de notre sang, faut-il vous invoquer ?

Gusman.

Obéissez.

Alzire.

Seigneur !

Alvarès.

Dans ton courroux sévère,
Songe au moins, mon cher fils, qu’il a sauvé ton père.

Gusman.

Seigneur, je songe à vaincre, et je l’appris de vous ;
J’y vole, adieu.