Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/436

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Dans l’horreur de la nuit, des morts, et du silence,
Au palais de Gusman, je le vois qui s’avance :
Je l’appelais en vain de la voix et des yeux,
Il m’échappe, et soudain j’entends des cris affreux,
J’entends dire, qu’il meure : on court, on vole aux armes.
Retirez-vous, madame, et fuyez tant d’alarmes :
Rentrez.

Alzire.

Ah ! Chère Émire, allons le secourir.

Émire.

Que pouvez-vous madame, ô ciel !

Alzire.

Je peux mourir.



Scène 7



Alzire, Émire, Don Alonze, gardes.



Don Alonze.

À mes ordres secrets, madame, il faut vous rendre.

Alzire.

Que me dis-tu barbare ? Et que viens-tu m’apprendre ?
Qu’est devenu Zamore ?

Don Alonze.

En ce moment affreux
Je ne puis qu’annoncer un ordre rigoureux,
Daignez me suivre.

Alzire.

Ô sort ! ô vengeance trop forte !
Cruels, quoi, ce n’est point la mort que l’on m’apporte ?
Quoi Zamore n’est plus ! Et je n’ai que des fers !
Tu gémis, et tes yeux de larmes sont couverts !
Mes maux ont-ils touché les cœurs nés pour la haine ?
Viens, si la mort m’attend, viens j’obéis sans peine.