Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/48

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38 SAMSON.

LE ROI.

Eh bien ! qu’est devenu ce dieu si redoutable, Qui par tes mains devait nous foudroyer ? Une feinuK » a vaincu ce iantùme effroyable, Et son bras languissant ne peut se déployer. Il t’abandonne, il cède à ma puissance ; Et tandis qu’en ces lieux j’enchaîne les destins. Son tonnerre, étoude dans ses débiles mains, Se repose dans le silence.

SAMSON.

(irand Dieu ! j’ai soutenu cet horrible langage, Quand il n’offensait qu’un mortel ;

On insulte ton nom, ton culte, ton autel ; Lève-toi, venge ton outrage.

CHOEUR DES PHILISTINS.

Tes cris, tes cris ne sont point entendus. Malheureux, ton dieu n’est plus.

SAMSON.

Tu peux encore armer cette main malheureuse ; Accorde-moi du moins une mort glorieuse.

LE ROI.

Non, tu dois sentir à longs traits L’amertume de ton supplice. Qu’avec toi ton dieu périsse, Et qu’il soit comme toi méprisé pour jamais.

SAMSON.

Tu m’inspires enfin ; c’est sur toi que je fonde Mes superbes desseins ; Tu m’inspires ; ton bras seconde Mes languissantes mains.

LE ROI.

Vil esclave, qu’oses-tu dire ? Prêt à mourir dans les tourments. Peux-tu bien menacer ce formidable empire A tes derniers moments ? Qu’on l’immole, il est temps ; Frappez ; il faut qu’il expire.

SAMSON.

Arrêtez ; je dois vous instruire Des secrets de mon peuple, et du Dieu que je sers Ce moment doit servir d’exemple à l’univers.