Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/548

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NICODON.

Rien ne doit m’affliger, et je suis fort content.

ZOÏLIN.

Et moi, je te soutiens qu’il n’en est rien.

NICODON.

Comment ?

ZOÏLIN.

Ton cœur est ulcéré par un mal incurable ;
Il est jaloux, te dis-je, et jaloux comme un diable.

NICODON.

Est-il possible ?

ZOÏLIN.

Eh oui ; je le vois dans tes yeux :
Car n’es-tu pas déjà de madame amoureux ?

NICODON.

Eh, mon Dieu, point du tout. Moi ! je n’ai, de ma vie.
Osé penser, mon oncle, à semblable folie.

ZOÏLIN.

Tu l'es, mon cher enfant.

NICODON.

Je n’en savais donc rien.

ZOÏLIN.

Amoureux comme un fou ; je m’y connais fort bien.

NICODON.

Oh, oh ! vous le croyez ?

ZOÏLIN.

La chose est assez claire.
Quoi ! ne serais-tu pas très-aise de lui plaire ?

NICODON.

Très-aise assurément.

ZOÏLIN.

Si ton heureux destin
Te faisait parvenir jusqu’à baiser sa main,
N’est-il pas vrai, mon cher, que tu serais en proie
A de tendres désirs, à des transports de joie ?

NICODON.

Oui, j’en conviens, mon oncle.

ZOÏLIN.

Et si cette beauté
Daignait pour ta personne avoir quelque bonté !

NICODON.

Quel conte faites-vous !