Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/578

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(A l’exempt.)


Vous, monsieur, vous savez quel devoir est le vôtre.
Rendez le premier ordre, et recevez cet autre.
Il est signé du nom de notre souverain.
Quand il en sera temps, obéissez soudain.

(L’exempt lit le nouvel ordre, et le referme.)



Scène VII.



LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, ZOÏLIN.

CLÉON.

Çà, monsieur Zoïlin, votre amitié prudente
M’a demandé tantôt cette place importante
Dont le prince honorait Ariston votre ami ;
Vous m’avez bien fait voir comme j’en suis trahi ;
Vous m’avez éclairci sur ses mœurs, sur ses vices :
Je ne puis trop payer ces importants services.

ZOÏLIN

Mes soins, mes sentiments, sont trop récompensés,

CLÉON.

Croyez qu’ils le seront ; mais ce n’est point assez.
Vous connaissez, je crois, quel est mon caractère ;
Je suis reconnaissant, mais je suis très-sévère,

ZOÏLIN

Ah ! monseigneur, il faut vous en estimer plus.

CLÉON.

C’est un devoir sacré de payer les vertus ;
Mais du public aussi l’inflexible service
Exige sans pitié qu’un crime se punisse.

ZOÏLIN

On n’en peut pas douter, c’est la première loi,

CLÉON.

Vous le croyez ?

ZOÏLIN

J’en suis convaincu.

CLÉON.

Dites-moi,
Comment traiteriez-vous un ingrat dont l’envie
Aurait voulu couvrir son ami d’infamie,
Et qui, jusqu’en ces lieux répandant son poison.