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84 ADKLAIDE DU GUESCLIN.

Je Acrrai (l’un œil soc et d’un caMir sans envie V.ci iiuueii (lui poinail eiupoisonncr ma vie. Je réunis pour vous mon service et mes vœux ; Ce bras qui fut ù lui comhaltra pour tous deux ; Voilà mes sentiments. Si je me sacrifie, L’amitié nu’ l’ordonne, et surtout la patrie. Songez (juc si l’hymen vous range sous sa loi, Si ce prince est à vous, il est à votre roi.

ADÉLAÏDE.

Qu’avec étonnement, seigneur, je ^ous contemple ! Que vous donnez au monde un rare et grand exemple ! Quoi ! ce cœur (je le crois sans feinte et sans détour) Connaît l’amitié seule, et peut braver l’amour ! 11 faut Aous admirer (piand on sait vous connaître : Vous servez votre ami, vous servirez mon maître. Un cœur si généreux doit penser comme moi : Tous ceux de votre sang sont l’appui de leur roi. Eh bien ! de vos vertus je demande une grâce.

COUCY.

Vos ordres sont sacrés : que faut-il que je fasse ?

ADÉLAÏDE.

Vos conseils généreux me pressent d’accepter

Ce rang, dont un grand prince a daigné me flatter.

Je n’oublierai jamais combien son choix m’honore ;

J’en vois toute la gloire ; et quand je songe encore

Qu’avant qu’il fût épris de cet ardent amour,

Il daigna me sauver et l’honneur et le jour,

Tout ennemi qu’il est de son roi légitime.

Tout vengeur des Anglais, tout protecteur du crime.

Accablée à ses yeux du poids de ses bienfaits,

Je crains de l’affliger, seigneur, et je me tais.

Mais, malgré son service et ma reconnaissance,

Il faut par des refus répondre à sa constance :

Sa passion m’afflige ; il est dur à mon cœur,

Pour prix de tant de soins, de causer son malheur.

A ce prince, à moi-même, épargnez cet outrage :

Seigneur, vous pouvez tout sur ce jeune courage.

Souvent on vous a vu, par vos conseils ]irudents,

Modérer de son cœur les transports turbulents.

Daignez débarrasser ma vie et ma fortune

De ces noMids trop brillants, dont l’éclat m’importune.

De plus hères beautés, de plus dignes appas,