Comme l’absurde est quelquefois permis dans la poésie burlesque, le célebre Arioste a imité, dans son poëme d’Orlando furioso, quelque chose de l’avanture d’Hercule ; et en dernier lieu un prélat de Rome a enchéri encore sur l’Arioste dans son richardetto. Ainsi les fables, déguisées en mille manieres, ont fait le tour du monde, comme autrefois les masques couraient dans les rues sous des ajustements différents. Les orthodoxes nous enseignent, que tous les contes de poissons, soit baleines, soit chiens marins, qui ont avalé des héros, et qui ont été vaincus par eux, depuis Persée jusqu’à Richardetto, ont été imités de l’histoire véritable de Jonas.
LES MACHABÉES.
Il ne faut point mépriser la curiosité que les
juifs nous inspirent. Tout superstitieux, tout
inconstants, tout ignorants, tout barbares, et
enfin tout malheureux qu’ils ont été et qu’ils
sont encore, ils sont pourtant les peres des deux
religions qui partagent aujourd’hui le monde,
de Rome au Thibet, et du mont Atlas au
Gange. Les juifs sont les peres des chrétiens et
des musulmans. L’évangile dicté par la vérité, et
l’alcoran écrit par le mensonge, sont également
fondés sur l’histoire juive. C’est une mere
infortunée, respectée et opprimée par ses deux
filles ; par elles détronée, et cependant sacrée
pour elles. Voilà mon excuse de la peine
fastidieuse de continuer ces recherches,
entreprises par trois hommes plus savants que moi[2],
mais à qui je ne cede point dans l’amour de la
vérité.
Les juifs respirerent sous Alexandre pendant dix
années. Cet Alexandre forme la plus brillante
époque de tous les peuples occidentaux. Il est
triste que son histoire soit défigurée par
des contes