Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/308

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dont les noms seuls sont à peine connus. C’est ainsi que nous avons eu des gomaristes, des arminiens, des voetiens, des jansénistes, des molinistes, des thomistes, des piétistes, des quiétistes, des moraves, des millenaires, des convulsionnaires, etc. Dont les noms se précipiteront dans un éternel oubli. Il n’en fut pas ainsi des samaritains, qui formaient une nation très-différente de celle de Jérusalem. Nous avons vu que les israélites qui habitaient la province de Samarie ayant été enlevés par Salmanazar[1], son successeur Assaradon envoya d’autres colonies à leur place. Ces colonies embrasserent une partie de la religion juive, et rejetterent l’autre : ils ne voulurent point sur-tout aller sacrifier dans Jérusalem, ni y porter leur argent. Ainsi les juifs furent toujours leurs ennemis, et le sont encore ; leur division a survécu à leur patrie. La capitale des samaritains est Sichem, à dix de nos lieues de Jérusalem. Le voisinage fut une raison de plus pour ces deux peuples de se haïr. Quoique les samaritains aient eu chez eux des prophetes, ils n’en admettent aucun parmi leurs livres sacrés, et se contentent de leur pentateuque. Ils ont les mêmes quatre grandes fêtes que les autres juifs, la même circoncision ; d’ailleurs très-pauvres et très-misérables, et réduits à un petit nombre sous le gouvernement turc, qui n’est pas encourageant. Toutes ces sectes furent contenues par l’autorité d’Hérode ; et tout se taisait dans l’empire romain devant la puissance suprême d’Auguste. Hérode avait déclaré par son testament Archelaus, l’un de ses fils, son successeur sous le bon plaisir de l’empereur. Il fallut qu’Archelaus allât à Rome faire confirmer le testament de son pere. Mais avant qu’il fît ce voyage, les juifs, qui ne l’aimaient pas, chasserent ses officiers de leur temple à coups de pierres pendant leur fête de pâques. Les officiers et les soldats s’armerent ; environ trois mille séditieux furent tués aux portes du temple. Archélaus partit, s’embarqua au port de Césarée bâtie par son pere, et alla se jetter aux genoux d’Auguste. Antipas son frere fit le même voyage de son côté pour lui disputer la couronne ; c’était pendant l’enfance de Jesus-Christ. Varus était depuis long-temps gouverneur de Syrie ; il avait envoyé Sabinus à Jérusalem avec une légion : cette légion fut attaquée par les séditieux aux portes du temple. Les romains renverserent et brûlerent les portiques magnifiques de cet édifice, destiné à être toujours la proie

  1. Tome XI, page 119; et ci-dEssus, page 273.