Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/318

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de ruiner ainsi ces marchands. Mais ce n’est pas à l’homme à juger les jugemens de Dieu.

Ils font encore des difficultés sur la contradiction entre saint Matthieu et le texte de Marc et de Luc ; et sur-tout sur la prétendue impossibilité qu’un ou deux diables entrent dans le corps de deux mille cochons à la fois.

Saint Marc prévient cette objection. Car, selon lui, Jésus demande au diable comment il se nomme ; et le diable lui répond : « Je m’appelle légion. »

D’ailleurs il ne faut pas chercher à comprendre comment un miracle a pu s’opérer. Si on le comprenait, il ne serait plus miracle.

XIII. Καὶ ἐλθὼν ἐπ’αὐτὴν οὐδὲν εὖρεν εἰ μὴ φύλλα· οὐ γὰρ ἦν ϰαιρὸς σύϰων.

Et quand il vint au figuier, il n’y trouva que des feuilles, car ce n’était pas le temps des figues. (Marc, chap. xi, v. 13.)

Et quand il vint au figuier, il n’y trouva que des feuilles : car ce n’était pas le temps des figues.

Les critiques s’élevent avec violence contre le miracle que fait Jésus en séchant le figuier qui ne portait pas des figues avant la saison. Dispensons-nous de rapporter les railleries de Woolston et du curé Mêlier ; et contentons-nous de dire avec les sages commentateurs que, sans doute, Jésus désignait par-là ceux qui ne devaient jamais porter des fruits de pénitence.

XIV. Καὶ ἔσται σημεῖα ἐν ἡλίῳ, — ϰαὶ τότε ὄψονται τὸν υἱὸν τοῦ ἀνθρώπου ἐρχόμενον ἐν νεφέλῃ, μετὰ δυνάμεως ϰαὶ δόξης πολλῆς…

Il y aura des signes dans le soleil, et dans la lune, et dans les astres. Et ils verront alors le Fils de l’Homme venant dans une nuée avec grande majesté et gloire. Quand vous verrez ces choses, connaissez que le royaume de Dieu est proche. Je vous dis en vérité : cette génération ne passera pas que tout cela ne s’accomplisse, (Luc, chap. xxi, v. 25-27.)

Cette prédiction, qui ne s’est pas accomplie encore, a été un grand scandale aux critiques. Ils ont crié que c’était prédire la fin du monde, le jugement dernier, et Jésus venant dans les nuées prononcer ses arrêts sur le genre humain, qui devait périr avec le globe entier sous le regne de Tibere. Les apôtres ont été si persuadés de cette prédiction, que st Paul dit expressément, dans son épitre aux thessaloniciens : « Nous qui vivons et qui vous parlons, nous serons emportés dans les nuées pour aller au-devant du seigneur au milieu de l’air. »