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LETTRE

DE M. DE LA VISCLÈDE

A M. LE SECnÉTAinE PERPÉTUEL DE l'ACADÉMIE DE PAU '.

f1776)

��Monsieur et cher confrère, je vous envoie mes Filles de Minée, et je vous répète en prose ce que j'ai dit en vers-, que je ne devais pas traiter ce sujet après Ovide et La Fontaine. Ce n'est pas dans le monde comme dans l'Évangile * : celui qui vient se présenter à la dernière heure n'est jamais si hien reçu que ceux qui ont travaillé le matin. Voyez ce qui est arrivé à Lamotte : il a voulu faire une petite Iliade ; on s'est moqué de lui. Il a fait des fal)les philosophiques dédiées au régent du royaume, qui lui a donné deux mille écus ; tout le monde a dit : Nous aimons mieux le naïf La Fontaine, à qui Louis XIV ne donna rien.

Vous connaissez cet enfant de la nature, ce La Fontaine, et

��1. Les éditeurs de Kehl donnent à cette pièce la date de 177G, et, ce me semble, avec raison. Le conte des Filles de Minée (voyez tome X) est de 1775; mais l'édition avec cette date que j'ai sous les yeux ne contient pas la Lettre. Cette Lettre est, avec d'autres morceaux de Voltaire, à la suite d'une édition de l'Histoire de Jcnni, ou le Sage et VAthée (voyez tome XXI, page 523), 177G, in-8.

Antoine-Louis de Chalamond de La Visclède, né à Tarascon en 1002, mort en 1760, sous le nom de qui Voltaire donna, quinze ou seize ans plus tard, ses Filles de Minée et la Lettre au secrétaire de l'académie de Pau, avait été, pendant plu- sieurs années, secrétaire de l'académie de Marseille.

Ovide a conté cette affaire, La Fontaine en parlo après lui ; Moi, je la répète aujourd'hui, Et j'aurais mieux fait de me taire.

Voyez, tome X, les derniers vers des Filles de Minée. 3. Matth., XX, 1-4.

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