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SUR L'ESPRIT DES LOIS. 419

l'égoïsmc. On voulait qu'un enfant pût dérober ce qu'un Spar- tiate s'appropriait; mais il fallait que cet enfant fût adroit : s'il prenait grossièrement, il était puni ; c'est une éducation de Bo- liême. Au reste, nous n'avons point les règlements de police de Lacédémone ; nous n'en avons d'idée que par quelques lambeaux de Plutarque, qui vivait longtemps après Lycurgue^

XVII.

« M. Penn est un véritable Lycurgue. » (Page /jO, liv, IV, cliap. VI.)

Je ne sais rien de plus contraire à Lycurgue qu'un législateur et un peuple qui ont toute guerre en horreur.

Je fais des vœux ardents pour que Londres ne force point les bons Pensylvaniens à devenir enfin aussi méchants que nous et que les anciens Lacédémoniens, qui firent le malheur de la Grèce,

XVIII.

(( LeParaguaipeut nous fournir un autre exemple. On a voulu en faire un crime à la Société, qui regarde le plaisir de comman- der comme le seul bien de la vie. Mais il sera toujours beau de gouverner les hommes en les rendant plus heureux. )> (Page 40, liv. IV, chap. VI,)

Sans doute rien n'est plus beau que de gouverner pour faire des heureux, et c'est dans cette vue que l'auteur appelle l'ordre des jésuites la société par excellence. Cependant M, de Bougain- ville nous apprend que les jésuites faisaient fouetter sur les fesses les pères de famille dans le Paraguai, Fait-on le bonheur des hommes en les traitant en esclaves et en enfants ? Cette hon- teuse pédanterie était-elle tolérable ?

Mais les jésuites étaient encore puissants quand Montesquieu écrivait,

XIX.

(c Les Épidamniens, sentant leurs mœurs se corrompre par leur communication avec les barbares, élurent un magistrat pour

1. L'histoire des Lacédémoniens ne commence à être un peu certaine que vers la guerre de Xerxès ; et on ne voit alors qu'un peuple intrépide à la vérité, mais féroce et tyrannique. 11 est bien vraisemblable ({u'il en est des beaux siècles de Lacédémone comme des temps de la primitive Église, de celui où tous les capu- cins mouraient en odeur de sainteté, de l'âge d'or, etc. D'ailleurs, il n'y a rien à répondre à la cruauté exercée contre les Ilotes, et qui remonte à ces beaux siècles. On peut être fort ignorant, avoir beaucoup d'esprit, être tempérant, aimer jusqu'à la fureur sa liberté ou l'agrandissement de sa république, et cependant être très-méchant et trés-corrompu. (K.)

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