Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/81

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leur fit bâtir les villes de Phiton et de Ramessès. [1] le roi parla aussi aux accoucheuses des hébreux, dont l’une étoit appellée Séphora, et l’autre Phua, et il leur commanda ainsi. Quand vous accoucherez les femmes des hébreux, tuez l’enfant si c’est un mâle ; si c’est une fille qu’on la conserve. Ces sages-femmes craignirent Dieu et n’obéirent point au roi ; mais elles conserverent les mâles. Le roi les ayant appellées leur dit. Qu’avez-vous fait ? Vous avez conservé les garçons. Elles répondirent : les israëlites ne sont pas comme les égyptiennes, elles ont la science d’accoucher, et elles enfantent avant que nous soyons venues. [2] alors le pharaon commanda à son peuple disant, que tout ce qui naîtra masculin soit jetté dans le fleuve [3] ; conservez le féminin. Après cela un homme de la famille de Lévi se maria ; sa femme conçut et enfanta un fils ; et voyant que cet enfant était beau, elle le tint caché pendant trois mois, mais voyant qu’elle ne pouvait pas le cacher plus longtemps, elle prit une corbeille de joncs, l’enduisit de bithume et de poix résine, et l’exposa au milieu des roseaux sur le bord du fleuve ; et elle dit à la sœur de cet enfant de se tenir loin, et de voir ce qui arriverait. La fille du roi étant venue pour se baigner dans le fleuve, ses suivantes marchant sur la rive, elle apperçut la corbeille, et elle apperçut l’enfant qui poussait des vagissements. Elle en eut pitié ; elle dit, c’est sans doute un des enfants des hébreux. Sa sœur, qui était-là, dit à la princesse : voulez-vous que j’aille chercher une femme des hébreux pour le nourrir ? Elle répondit allez-y ; et la fille fit venir sa mere, qui nourrit son fils : et qui le rendit à la princesse quand il fut en âge. [4]

  1. apparemment que la ville de Ramessès tira son nom de l’endroit où il est dit que Joseph avait établi ses freres. (Note de Voltaire.)
  2. on peut remarquer que les femmes israëlites furent exceptées en égypte de la malédiction prononcée dans la genese contre toutes les femmes condamnées à enfanter avec douleur. On a dit que deux accoucheuses ne suffisaient pas pour aider toutes les femmes en mal d’enfant, et pour tuer tous les mâles. On suppose que ces deux sages femmes en avaient d’autres sous elles. (id.)
  3. si la terre de Gessen était dans le nome arabique entre le mont Casius et le désert d’éthan, comme on l’a prétendu, il ne laisse pas d’y avoir loin delà au Nil ; il fallait faire plusieurs lieues pour aller noyer les enfans. (Id.)
  4. les critiques ont dit, que la fille d’un roi ne pouvait se baigner dans le Nil, non-seulement par bienséance, mais par la crainte des crocodiles. De plus, il est dit, que la cour était à Memphis au-delà du Nil. Et de Memphis à la terre de Gessen il y a plus de cinquante lieues de deux mille cinq cents pas. Mais il se peut que la princesse fût venue dans ces quartiers avec son pere. L’auteur de l’ancienne vie de Mosé* en trente six partie, laquelle*Voyez tome XXVI, page 207 ; et XXVIII, 179