Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/104

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par terre, et les véritables demeurèrent en place. Ce service que rendit le Saint-Esprit méritait bien que le concile eût fait de lui une mention plus honorable. Mais cette assemblée irréfragable, après avoir déclaré sèchement que le Fils était consubstantiel au Père, se contenta de dire encore plus sèchement : Nous croyons aussi au Saint-Esprit, sans examiner s’il était consubstantiel ou non.

L’autre miracle, accrédité de siècle en siècle par les auteurs les plus approuvés jusqu’à Baronius, est bien plus merveilleux et plus terrible. Deux Pères de l’Église, l’un nommé Chrysante, et l’autre Musonius, étaient morts avant la dernière séance où tous les évêques signèrent. Le concile se mit en prière ; Chrysante et Musonius ressuscitèrent ; ils revinrent tous deux signer la condamnation d’Arious ; après quoi ils n’eurent rien de plus pressé que de remourir, n’étant plus nécessaires au monde.

Pendant que le christianisme s’affermissait ainsi dans la Bithynie par des miracles aussi évidents que ceux qui le firent naître, sainte Hélène, mère de saint Constantin, en faisait de son côté qui n’étaient pas à mépriser. Elle alla à Jérusalem, où elle trouva d’abord le tombeau du Christ, qui s’était conservé pendant trois cents ans, quoiqu’il ne fût pas trop ordinaire d’ériger des mausolées à ceux qu’on avait crucifiés. Elle retrouva sa croix, et les deux autres où l’on avait pendu le bon et le mauvais larron. Il était difficile de reconnaître laquelle des trois croix avait appartenu à Jésu. Que fit sainte Hélène ? Elle fit porter les trois croix chez une vieille femme du voisinage, malade à la mort. On la coucha d’abord sur la croix du mauvais larron, son mal augmenta. On essaya la croix du bon larron, elle se trouva un peu soulagée. Enfin on l’étendit sur la croix de Jésu-Christ, et elle fut parfaitement guérie en un clin d’oeil. Cette histoire se trouve dans saint Cyrille, évêque de Jérusalem, et dans Théodoret ; par conséquent on ne peut en douter, puisqu’on garde dans les trésors des églises assez de morceaux de cette vraie croix pour construire deux ou trois vaisseaux de cent pièces de canon.

Si vous voulez avoir un beau recueil des miracles opérés en ce siècle, n’oubliez pas d’y ajouter celui de saint Alexander, évêque d’Alexandrie, et de saint Macaire son prêtre ; ce miracle n’est pas fait par la charité, mais il l’est par la foi. Constantin avait ordonné qu’Arious serait reçu à la communion dans l’église de Constantinople, quoiqu’il tînt ferme à soutenir que Jésu-Christ est omoiousios ; saint Alexander, saint Macaire, sachant qu’Arious était déjà dans la rue, prièrent Jésu avec tant de ferveur et de