Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/133

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On propose aux hommes de dompter leurs passions : essayez seulement d’empêcher de prendre du tabac à un homme accoutumé à en prendre.

Il faut s’oublier avec tous les hommes : si vous leur parlez de vous, vous risquez le mépris ou la haine.

L’honneur est un mélange naturel de respect pour les hommes et pour soi-même.

L’homme doit s’applaudir d’être frivole : s’il ne l’était pas, il sécherait de douleur en pensant qu’il est né pour un jour entre deux éternités, et pour souffrir onze heures au moins sur douze.

Quelque parti qu’on embrasse, l’instinct gouverne la terre. Si on avait attendu des notions distinctes de métaphysique et de logique pour former les langues, on n’aurait jamais parlé. Les langues cependant sont toutes fondées sur une métaphysique très-fine dont on a l’instinct. Ainsi les mécaniques existent avant la géométrie.

Si Henri IV avait eu un premier ministre tel que le cardinal de Richelieu, il était perdu ; si Louis XIII n’avait pas eu le cardinal de Richelieu, il était détrôné.


[1] La religion fut d’abord aristocratique : plusieurs dieux. La philosophie la fit monarchique : un seul principe. L’inscription d’Isis est du temps de la philosophie : « Je suis tout ce qui est et sera ; nul mortel ne lèvera mon voile. »

Pourquoi dit-on toujours mon Dieu et Notre Dame ?

Nous sommes esclaves au point que nous ne pouvons nous empêcher de nous croire libres.

Le bonheur est un état de l’âme : par conséquent il ne peut être durable. C’est un nom abstrait composé de quelques idées de plaisir.

Turc, tu crois en Dieu par Mahomet ; Indien, par Fo-hi ; Japonais, par Xa-ca ; etc. — Eh ! misérable, que ne crois-tu en Dieu par toi-même ?

L’amour est de toutes les passions la plus forte, parce qu’elle attaque à la fois la tête, le cœur et le corps.

  1. Pensées écartées par Renouard et Beuchot, comme n’étant pas de Voltaire.