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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/15

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le lire ou le méditer, sera peut-être étonné d’être changé en un autre homme.




DERNIERES REMARQUES

SUR LES PENSÉES DE M. PASCAL

et sur quelques autres objets.

I. — Plus un homme a laissé une réputation imposante, plus il est utile d’avertir les jeunes gens des fautes qui lui sont échappées, et c’est pour les jeunes gens qu’il faut écrire. C.

Vous savez, monsieur, que c’est pour les hommes de tout âge. Qui sait mieux que vous qu’on ne doit cacher la vérité à personne ? Il y a d’excellentes plaisanteries, sans doute, dans les Provinciales et dans Tartuffe. Il y a d’admirables traits d’éloquence dans ces deux ouvrages. Mais tout n’est pas parfait. C’est être un sot de souffrir Livie dans Cinna, et l’infante dans le Cid. C’est à vous de chasser les infantes et les Livies partout où vous les trouverez. V.

II. — Pascal était alors à Rouen, où bientôt il se montra digne de sa réputation par une invention brillante ; et ce n’était plus l’ouvrage d’un enfant qui donne des espérances. À dix-neuf ans il conçut l’idée d’une machine arithmétique. C.

J’ignore, monsieur, de qui sont les notes[1] alphabétiques au bas de vos pages, si elles sont de vous ou de l’un de vos savants amis. Mais je sais que dans les montagnes de la Suisse, des Vosges et du Tyrol, on a vu des jeunes gens sans éducation construire des machines arithmétiques à peu près semblables. V.

III. — En sorte que s’il n’y a jamais de preuve convaincante qu’il existe dans la nature un vide absolu, du moins est-on trop avancé maintenant pour croire que des raisonnements métaphysiques puissent en prouver l’impossibilité. C.

Oserai-je vous demander, monsieur, pourquoi vous n’osez pas affirmer que le vide est prouvé ? V.

  1. Ce n’est point dans une note, mais dans le texte même de l’Éloge de Pascal, par Condorcet, qu’est la phrase sur laquelle porte la remarque de Voltaire. (B.)