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240 REMARQUES SUR LE CID.

Vers 14. Ils t'ont nommé tous deux leur Cid on ma présence, I'uis(jue Cid, en leur hmgue, est autant que seigneur.

REY DE CASTILLA.

El mio Cid le li;i Uaniado.

15 E V MOUD.

En mi lengua es mi senor.

nEV DE CASTILLA.

Ese nombre le esta bien.

UEY MORD.

Entre Moros le ha tenido.

Ce seul passage du Cid espagnol, el mio Cid le liallamado, etc., fait voir la supériorité du poëte français en ce point : car que font là ces trois rois maures que Guillem de Castro introduit? Rien autre chose que de former un vain spectacle. C'est le principal défaut de toutes les pièces espagnoles et anglaises de ces temps- là. L'appareil, la pompe du spectacle, sont une beauté sans doute ; mais il faut que cette beauté soit nécessaire. La tragédie ne consiste pas dans un vain amusement des yeux. On représente sur le théâtre de Londres des enterrements, des exécutions, des couronnements^; il n'y manque que des combats de taureaux.

Vers '15. Je ne t'envierai pas ce beau titre d'honneur.

REV DE CASTILLA.

Pues alla le ha mercido, En mis tierras se le den.

Vers 17. Sois désormais le Cid; qah. ce grand nom tout cède, Llamarle el Cid es razon.

Vers 21. Que Votre iMajeslé, sire, épai'gne ma lioiite.

Le mot de honte n'est pas le mot propre. Une valeur qui ne va point dans l'excès est plus impropre encore.

Vers o\. Nous partîmes cinq cents; mais, par un prompt renfort, Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port.

L'Académie n'a point repris cet endroit, qui consiste à sub- stituer l'aoriste au simple passé. Je vis, je fis, f allai, je partis, ne peut se dire d'une chose faite le jour oii l'on parle. Plilt à Dieu

1. Voyez les doiixièmo et troisième iiarlies de la Dissertation en tête de Sémi- 7'amis : et dans les Mélançies, année 1701, l'Appet à toutes les nations de VEu- rope des jugements d'un érrivain anglais.

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