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SUR LES SENTIMENTS DE L'ACADÉMIE. 261

Toutes les parties de ce raisonnement sont rnal rangées; il falloit dire : A quelque ressentiment que son orgueil m'ait obligé, son trépas m'afflige à cause que sa perle m'affoiblit.

M'oblige ne peut-il pas très-bien être substitué à m ait ohligii^ A cause que ferait tout languir ; et le roi peut trr'S-bien s'affliger de la perte d'un bomme qui l'a servi longtemps, sans même songer qu'il pouvait servir encore. Ce sentiment est bien plus noble,

SCÈNE IX.

Vers 38, Par cette triste bouche elle empruntoit ma voix.

Chimène paroît trop subtile en tout cet endroit pour une affligée.

Ce défaut est de l'espagnol : et, en effet, ces subtilités, ces recherches d'esprit, ces déclamations, refroidissent beaucoup le sentiment.

Vers 59, Moidont les longs travaux ont acquis tant de gloire, Moi que jadis partout a suivi la victoire.

Don Diègue devoit exprimer ses sentiments devant son roi avec plus de modestie.

Oui, dans nos mœurs ; oui, dans les règles de nos cours : mais non dans les temps de la chevalerie.

Vers 81. Du crime glorieux qui cause nos débats,

Sire, j'en suis la tète, il n'en est que le bras.

On peut bien donner une tête et des bras à quelques coips figurés, comme, par exemple, à une armée, mais non pas à des actions, etc.

Cette faute est de l'espagnol.

Vers 94. 11 est juste, grand roi, qu'un meurtrier périsse.

Ce mot de meurtrier, qu'il répète souvent, le faisant de trois syllabes, n'est que de deux.

Meurtrier, sanglier, etc.. sont de trois syllabes ^ Ce serait faire une contraction très-vicieuse, et prononcer sangler, meurtrer, que de réduire ces trois syllabes très-distinctes à deux.

1. Meurtrier, sanglier, étaient de deux syllabes à l'époque de Corneille, et il écrivait en les faisant de trois syllabes. Le temps lui a donné raison.

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