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286 REMARQUES SUR LES HORACES.

cune épithète; que rien n'arrêle l'éloquente rapidité de son discours : c'est là qu'on reconnaît le grand Corneille. 11 n*\ aque tant et tant de nœuds à reprendre.

Vers 65. Ils ont ;isse/. longtemps joui do nos divorces.

Ce mot (le divorces, s'il ne signifiait que des querelles, serait impropre ; mais ici il dénote les querelles de deux peuples unis, et par là il est juste, nouveau et excellent.

Vers 76. Que le parti [)lus foible oljéisse au plus fort.

Ce vers est ainsi dans d'autres éditions :

Que le foible parli prenne loi du plus fort ^

Il est à croire qu'on reprocha à Corneille une petite faute de grammaire. On doit, dans l'exactitude scrupuleuse de la prose, dire : Que le parti le plus faible obéisse au plus fort ; mais si ces libertés ne sont pas permises aux poètes, et surtout aux poètes de génie, il ne faut point faire de vers. Prendre loi ne se dit pas ; ainsi la première leçon est préférable. Racine a bien dit-:

Charger de mon débris les relicpies plus chères,

au lieu de reliques les plus chères.

Encore une fois, ces licences sont heureuses quand on les emploie dans un morceau élégamment écrit : car si elles sont précédées et suivies de mauvais vers, elles en prennent la tein- ture et en deviennent plus insupportables.

Vers 100. Chacun va renouer avec ses vieux amis.

On doit avouer que renouer avec ses vieux amis est de la prose familière qu'il faut éviter dans le style tragique, bien entendu qu'on ne sera jamais ampoulé.

Vers 103 L'auteur de vos jours m'a promis à demain...

A clemaiii est trop du style de la comédie. Je fais souvent cette observation ; c'était un des vices du temps. La Sophonisbe de Mairet et tout entière dans ce style, et Corneille s'y livrait quand les grandes images ne le soutenaient pas.

��t. C'est ce qu'on lit dans l'cdition de lOOi. 2. Bajazet, acte III, scène ii.

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