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334 REMARQUES SUR CINNA.

D'autant plus exige un tjuc ; c'est une phrase qui n'est pas aclievée.

SCÈNE II.

Vers I. Il Ta jugé trop grand pour ne pas s'en punii-.

On ne peut nier que ce lûche et inutile mensonge d'Euphorbe ne soit indigne de la tragédie. Mais, dira-t-on, on a le même reproche à faire à OEnone, dans Phèdre. Point du tout : elle est criminelle, elle calomnie Ilippolyte ; mais elle ne dit pas une lausse nouvelle : c'est cela qui est petit et bas.

SCÈNE IIP.

Vers ]. Ciel, à qui voulez-vous désormais que je fie Les secrets de mon âme el le soin de ma vie?

Voilà encore une occasion où un monologue est bien placé ; la situation d'Auguste est une excuse légitime. D'ailleurs il est bien écrit, les vers en sont beaux, les réflexions sont justes, in- téressantes ; ce morceau est digne du grand Corneille.

Vers 1 2. Songe aux fleuves de sang où ton bras s'est baigné, De combien ont rougi les champs de Macédoine.

Cela n'est pas français. Il fallait : quels flots fen ai versés aux champs de Macédoine, ou quelque chose de semblable.

Vers 27. Rends un sang infidèle à l'inûdélité. Ce vers est imité de Malherbe :

Fait de tous les assauts que la rage peut faire Une fidèle preuve à l'infidélité -.

Un tel abus de mots et quelques longueurs, quelques répé- titions, empêchent ce beau monologue de faire tout son effet, A mesure que le public s'est plus éclairé, il s'est un peu dégoûté des longs monologues. On s'est lassé de voir des empereurs qui parlaient si longtemps tout seuls. Mais ne devrait-on pas se prêter à l'illusion du théâtre? Auguste ne pouvait-il pas être supposé au milieu de sa cour, et s'abandonner à ses réflexions devant ses confidents, qui tiendraient lieu du chœur des anciens?

��\ . Sur quatre vers de cette scène, voyez tome XIX, page 5i. !2. Stance première des Larmes de saint Pierre.

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