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ACTE II, SCÈNE I. 387

Vers 43. Soutiens-moi, Fiibian ; ce coup de loudrc csl grand. Et frappe d'autant plus (|uo plu-^ il me surprend.

Ce coup de foudre est d'un héros de roman. Quand l'expression est trop forte pour la situation, elle devient comique. Et com- ment un coup de foudre frappe-t-il d'autant jjIus qu'il surprend? Il faut que la métaphore soit juste.

Vers 47. Do pareils déplaisirs accablent un grand cœur; La vertu la plus mâle en perd toute vigueur ; Et quand d'un feu si beau lésâmes sont éprises, La mort les trouble moins que de telles surprises.

Ces quatre vers refroidissent. C'est l'auteur qui parle, et non pas le personnage. On ne débite pas des lieux communs quand on est profondément affligé. Corneille tombe trop souvent dans ce défaut.

Vers 52. Pauline est mariée ! — Oui, depuis quinze jours.

Quoi! elle est mariée depuis quinze jours, et Sévère n'en a rien su en venant en Arménie? Plus j'y réfléchis, plus cela me paraît absurde; et cependant on se sent remué, attendri à la représentation : grande preuve qu'il ne s'agit pas au théâtre d'avoir raison, mais d'émouvoir.

Vers 73. Vous vous échapperez sans doute en sa présence. Expression bourgeoise.

Vers 73. Dans un tel entretien il suit sa passion, Et ne pousse qu'injure et qu'imprécation.

Cela n'est ni noble ni français.

Vers 82. Son devoir m'a trahi, mon malheur, et son père.

Voilà où il est beau de s'élever au-dessus des règles de la grammaire. L'exactitude demanderait sou dcvoii-, et son père, et mon malheur, m'ont trahi; mais la passion rend ce désordre de paroles très-beau ; on peut dire seulement que trahi n'est pas le mot propre.

Vers 83. Mais son devoir fut juste, et son père eut raison ; J'impute à mon malheur toute la trahison.

Un devoir ne peut être ni juste ni injuste; mais la justice consiste à faire son devoir: il n'y a point eu lu de trahison.

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