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442 REMARQUES SUR POMPÉE.

Ces quatre enragés est aujourdlml du bas comiquo; il iic l'était pas alors. jE'nj-a^é faisait le même cilélquc Varrahlato des Italiens, et Venrag'd des Anglais ; admire est insoutenable.

Vers 68. D'un des pans de sa robe il couvre son visage, A son mauvais destin en aveugle obéit, etc.

Involvit vultus, atque indignatus apertum Forlun.i; proebere caput, tune lumina pressit*.

Vers 70. Et dédaigne de voir le ciel (jui le trahit.

J'ai vu autrefois admirer ce vers, et depuis j'ai vu tous les connaisseurs le condamner comme une exagération, comme un vain ornement, et même comme une pensée fausse. On peut dédaigner de regarder un ami perfide; mais dédaigner de regar- der le ciel, parce qu'on se suppose trahi par le ciel, cela est d'un capilan plutôt que d'un héros.

Vers 73. Aucun gémissement à son cœur échappé...

Nullo gemitu consensit ad icium-.

Vers 74. Ne le montre en mourant digne d'être frappé.

N'est-ce pas là encore une fausse idée? Pourquoi Pompée aurait-il été digne d'être frappé s'il eût gémi? Et que veut dire digne d'être frappe? Quelle enflure! quelle fausse grandeur!

Vers 73. Immobile à leurs coups, en lui-même il rappelle Ce qu'eut de beau sa vie et ce qu'on dira d'elle.

Immobile n'a et ne peut avoir de régime, car, en toute langue, on n'est immobile ni à quelque chose ni en quelque chose.

Vers 77. Et tient la trahison que le roi leur prescrit

Trop au-dessous de lui pour y prêter l'esprit.

Quoi! Pompée ne daigne pas songer qu'on l'assassine? Quoi ! il ne daigne pas prêter l'esprit à vingt coups de poignard qu'il reçoit? Il n'y a rien au monde de plus faux, de plus romanesque. Et cette vertu qui augmente ainsi son lustre dans leur crime! Quelles peines l'auteur se donne pour montrer de l'esprit faux et pour s'expliquer en énigmes!

��1. Lucain, Pliais., VIII, (jli-lS.

2. Ibid., 019.

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