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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/528

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•ils REMARQUES SUR THÉODORE.

Il ne paraît pas qu'il ait mis de voile sur ce sujet révoltant, puisqu'il emploie dans la pièce les mots de prostitution, (Viwpu- (licitè, ÛQ fille abandonnée aux soldats.

Et certes il y a de quoi coiiirratulcr a la puioto dt' notre théâtre, etc.

Congratuler à ne se dit plus. Cette phrase est latine : tibi gratulor; mais aujourd'hui congratuler régit l'accusatif comme

féliciter.

La modestie de notre scène a désavoué comme indigne d'elle ce peu [de la prostitution de Théodore décrite par saint Ambroise) (jue la néces- sité de mon sujet m'a forcé de faire connoître.

Los honnêtes gens assemblés sont toujours chastes. On souf- frait du temps de Hardy qu'on parlât de viol sur le théâtre, delà manière la plus grossière ; mais c'est qu'alors il n'y avait que des hommes grossiers qui fréquentassent les spectacles. Mairct et P.otrou furent les premiers qui épurèrent un peu la scène des indécences les plus révoltantes. Il était impossible que cette pièce de Corneille eût du succès en 16/j5; elle en aurait eu vingt ans auparavant. Il choisit ce sujet parce qu'il connaissait plus son cabinet que le monde, et qu'il avait ])lus de génie que de goût. C'est toujours la même versification, tantôt forte, tantôt faible ; toujours la même inégalité de style, le même tour de phrase, la même manière d'intriguer; mais, n'étant pas soutenu par le sujet comme dans les pièces précédentes, il ne pouvait ni s'élever ni intéresser. Puisqu'il faut des notes sur toutes les pièces de Cor- neille, on en donne aussi quelques-unes sur Théodore ; mais un commentaire n'est pas un panégyrique : on doit au public la vé- rité dans toute son étendue.

Après cela j'oserai bien dire que ce n'est pas contre des comédies pareilles aux nôtres que déclame saint Augustin.

On sait assez que saint Augustin ignorait le grec; s'il avait connu cette belle langue, il n'aurait pas déclamé contre Sophocle; ou s'il eût déclamé contre ce grand homme, il eût été fort à plaindre.

Ils demeurent privés du plus agréaijle et du plus utile des divertissements dont l'esprit humain soit capable.

On ne peut rien dire de plus fort en faveur de l'art des Sophocle, dont Aristote a donné les règles; et il est bien honteux pour notre nation, devenue si critique a])rès avoir été si barbare,

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