Je veux chanter, dansez tous de joie.
Je veux pleurer, frappez-vous tous de douleur.
Je veux orner, et je veux être orné.
Je suis la lampe pour vous qui me voyez.
Je suis la porte pour vous qui y frappez.
Vous qui voyez ce que je fais, ne dites pas ce que je fais.
J’ai joué tout cela, et je n’ai point du tout été joué.
On demande enfin s’il est possible qu’un Dieu ait tenu les discours impertinents et barbares qu’on lui attribue :
Qu’il ait dit : Quand vous donnerez à dîner ou à souper, n’y invitez ni vos amis, ni vos parents riches[1] ;
Qu’il ait dit : Va-t’en inviter les borgnes et les boiteux au festin[2] , et contrains-les d’entrer ;
Qu’il ait dit : Je ne suis point venu apporter la paix, mais le glaive[3] ;
Qu’il ait dit : Je suis venu mettre le feu sur la terre[4] ;
Qu’il ait dit : En vérité, si le grain qu’on a jeté en terre ne meurt, il reste seul ; mais quand il est mort, il porte beaucoup de fruits[5].
Ce dernier trait n’est-il pas de l’ignorance la plus grossière, et les autres sont-ils bien sages et bien humains ?
Nous n’examinons point si Jésu fut mis en croix à la troisième heure du jour, selon Jean, ou à la sixième, selon Marc. Matthieu dit que les ténèbres couvrirent toute la terre[6] depuis la troisième
- ↑ Luc, ch. xiv. (Note de Voltaire.)
- ↑ Ibid. (Id.)
- ↑ Matthieu, ch. x. (Id.)
- ↑ Ibid., ch. xii. (Id.)
- ↑ Jean, ch. xii. (Id.)
- ↑ Les défenseurs de ces effroyables absurdités, payés pour les défendre, et comblés d’honneurs et de biens pour tromper les hommes, ont osé avancer qu’un Grec, nommé Phlégon, avait parlé de ces ténèbres qui couvrirent toute la terre pendant le supplice de Jésu. Il est vrai qu’Eusèbe, évêque arien, qui a débité tant de mensonges, cite aussi ce Phlégon, dont nous n’avons pas l’ouvrage. Et voici les paroles qu’il rapporte de ce Phlégon: « La quatrième année de la deux cent deuxième olympiade, il y eut la plus grande éclipse de soleil; il faisait nuit vers midi; on voyait les étoiles; un grand tremblement de terre renversa la ville de Nicée en Bithynie. » 1° Lecteurs sages et attentifs, remarquez qu’un autre auteur qu’Eusèbe, rap-