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ACTE IV. SCÈNE IV. K,7

discuté comme s'il s'agissait d'un procès : nulle tendresse de mère, nulle crainte, nul retour sur soi-même. Il ne faul pas s'étonner si on ne peut plus jouer cette pièce.

Vers '■■'.•. L'assassin de Laïus est digne du trépas, etc.

Quoique le théâtre permette quelquefois un peu d'exagération, je ne crois pas que de telles maximes soient approuvées des; gens sensés. Comment peut-on reconnaître un monarque sous l'habit d'un paysan? Le Gascon qui a écrit les Mémoires du dm- de Guise, •prisonnier à Naples, dit que les princes mit quelque chose entre les deux yeux qui les distingue des autres hommes 1 . Cela est bon pour un Gascon ; mais ce qui n'est bon pour personne, c'est d'assurer qu'on est digne de mort quand on se défend contre trois hommes dont l'un, par hasard, se trouve un roi. Cette maxime paraît plus cruelle que raisonnable.

Qu'on se souvienne que Montgomery ne fut pas seulement mis en prison pour avoir tué malheureusement Henri II, son maître, dans un tournoi.

SCÈNE 111.

Vers 45. Mais si je vous nommois quelque personne chère, jEmon votre neveu, Créon votre seul frère, Ou le prince Lycus, ou le roi votre époux, Me pourriez-vous en croire, ou garder ce courroux ?

Ce tour que prend Phorbas suffirait pour ôter à la pièce tout son tragique. Il semble que Phorbas fasse une plaisanterie; si je vous nommais quelqu'un à qni vous vous intéressez, que diriez-vous? C'est là le discours d'un homme qui raille, qui veut embarrasser ceux auxquels il parle ; et rien n'est plus indécent dans un subal- terne.

SCÈNE IV.

Il n'y a pas moyen de déguiser la vérité. Cette scène, qui est si tragique dans Sophocle, est tout le contraire dans l'auteur français. Non-seulement le langage est bas, il y pourrait avoii

1. Dans les Mémoires de Henri de Lorraine, duc de (ittise (édition de 17W3, I, 160), on lit : « Sur quoi je dis, en souriant, que naturellement je ne craignais point la canaille, et que quand Dieu formait une personne de ma conditiou il lui imprimait je ne sais quoi entre les deux yeux, qu'elle n'osait regarder sans trem- bler. » (".es Mémoires, dont il existe plusieurs éditions, ont été publiés parSainct- Yon, secrétaire du duc, et lui ont été attribués.

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