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ACTE I, SCÈNE V. 27",

ménage tout ce qu'elle doità l'amitié d'Antiochus ; elle intéresse par la vérité de sa tendresse pour l'empereur. Il semble qu'on entende Henriette d'Angleterre elle-même, parlant au marquis de Yardes. La politesse de la cour de Louis XIV, l'agrément de la langue française, la douceur de la versification la plus naturelle, le sentiment le plus tendre, tout se trouve dans ce peu de vers. Point de ces maximes générales que le sentiment réprouve. Rien de trop, rien de trop peu. On ne pouvait rendre plus agréable quelque chose de plus mince.

SCÈNE V.

Vers 1 Que je le plains! tant de fidélité,

Madame, méritoit plus de prospérité, etc.

La faiblesse du sujet se montre ici dans toute sa misère ; ce n'est plus ce goût si fin, si délicat : Phénice parle un peu en sou- brette.

Vers 5. Je l'aurois retenu

est encore plus mauvais ; cela est d'un froid comique : il importe bien ce qu'aurait fait Phénice! Mais ce défaut est bientôt réparé par le discours passionné de Bérénice :

Cette foule de rois, ce consul, ce sénat,

Qui tous de mon amant empruntaient leur éclat, etc.

Vers 31 . En quelque obscurité que le ciel l'eût fait naître, Le monde, en le voyant, eût reconnu son maître.

Un homme sans goût a traité cet éloge de flatterie ; il n'a pas songé que c'est une amante qui parle. Ce vers fit d'autant plus de plaisir qu'on l'appliquait à Louis XIV, alors couvert de gloire, et dont la figure, très-supérieure à celle d'Auguste 1 , semblait faite pour commander aux autres hommes : car Auguste était petit et ramassé, et Louis XIV avait reçu tous les avantages que peut donner la nature. Enfin, dans ce vers, c'était moins Bérénice que Madame qui s'expliquait. Rien ne fait plus de plaisir que ces allusions secrètes ; mais il faut que les vers qui les font naître soient beaux par eux-mêmes.

Vers 39. Aussitôt, sans l'attendre, et sans être attendue, Je reviens le chercher, et, dans cette entrevue,

1. C'est Titus, et non Auguste, qui est l'un des personnages de Bérénice.

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