ACTE II, SCÈNE I. 21
informé d'abord. Il faut que tous ceux qui assistent à une pièce de théâtre connaissent tout d'un coup les personnages qui se présentent, excepté ceux dont l'intérêt est de cacher leur nom.
Vers 2. S'il m'eût caché son sort, il m'auroit mal aimée.
Qui? De qui parle-t-elle? C'est une énigme. Mal aimée, expres- sion trop triviale.
Vers 4. Vous êtes fille, Eudoxe, et vous avez parlé.
On voit assez que cela est trop comique. Corneille a-t-il voulu faire parler cette gouvernante comme une bourgeoise qui a conservé le ton bourgeois à la cour? Cela est absolument indigne de la tragédie.
Vers b. Vous n'avez pu savoir cette grande nouvelle Sans la dire à l'oreille à quelque âme infidèle.
Voilà la même faute, et dire à rorcillc à une âme! On ne peut s'exprimer plus mal.
Vers 11. C'est par là qu'un tyran, plus instruit que troublé De l'ennemi secret qui l'auroit accablé...
Cela n'est pas français. Instruit d'un ennemi, troublé d'un ennemi: ce sont deux barbarismes et deux solécismes à la fois dans un seul vers.
Vers 4 3. Ajoutera bientôt sa mort à tant de crimes.
Par la construction, c'est la mort de Phocas;par le sens, c'est celle de Maurice. Il faut que la syntaxe et le sens soient toujours d'accord.
Vers 17. Voyez combien de maux pour n'avoir su vous taire.
Ce vers est encore bourgeois ; mais les précédents sont nobles, exacts, bien tournés, forts, précis, et dignes de Corneille.
Vers 4 8. Madame, mon respect souffre tout d'une mère, Qui, pour peu qu'elle veuille écouter la raison, Ne m'accusera plus de cette trahison.
Cela ne donne pas d'abord une haute opinion de Léontine. Cette femme, qui conduit toute l'intrigue, commence par se tromper, par accuser sa fille mal à propos; cette accusation même est absolument inutile pour l'intelligence et pour l'intérêt de la pièce. Léontine commence son rôle par une méprise et par des expressions indignes même de la comédie.
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