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ACTE II, SCÈNE IV. 311

traire, a aimé Bérénice avant qu'elle se fût déclarée pour Titus, et il ne lui parle que lorsqu'il va la quitter pour jamais. Ce qui rend surtout OEnarus très-intérieur à Antiochus, c'est la manière dont il parle.

Thésée u du mérite, et il l'a dit cent fois. Les sens ravis d'Œnarus ont cédé à l'amour dès qu'il n m Ariane. Il fallait n'en parler /dus, il l'a fuit pur respect. Il n'u point changé d'âme, il n langui d'amour /nui consumé. Il demande pour flatter son martyre, un mut favorable et un sincère soupir.

Ariane répond qu'elle n'esl point ingrate, que Thésée se trouve adoré dans son cœur, que des lu première fois elle Va déclaré; et ré- pète encore dès la première fuis, comme si c'était un beau discours à répéter. Ce dialogue trop négligé devait être écrit avec la plus grande finesse. On ne s'aperçoit pas de ces défauts à la représen- tation ; ils choquent beaucoup à la lecture.

SCÈNE III.

Vers 1. Prince, mon trouble parle, etc.

On ne doit, ce me semble, faire un pareil aveu que quand il est absolument nécessaire. Aucune raison ne doit engager OEnarus à se déclarer le rival de Thésée. Antiochus, dans Bérénice, ne fait un pareil aveu qu'à la fin du cinquième acte; et c'est en quoi il y a un très-grand art. Le style d'OEnarus met le comble à l'insipidité de son rôle ; il adore les charmes de son amour, il en fait l'urru au pointde l'hymen. 11 dit que c'est montrer assez ce qu'est un si beau feu, et qu'il est trahi par sa vertu. Comment est-il trahi par sa vertu, puisqu'il renonce à un si beau feu, et qu'il va pré- parer le mariage de Thésée et d'Ariane?

SCÈNE IV.

Vers 10 Apprenez un projet de ma flamme, etc.

Ce dessein d'Ariane d'unir une sœur qu'elle aime à l'ami de Thésée, tandis que cette sœur lui prépare la plus cruelle trahi- son, forme une situation très-belle et très-intéressante : c'est là connaître l'art de la tragédie et du dialogue, c'est même une espèce de coup de théâtre. L'embarras de Thésée et l'extrême bonté d'Ariane attachent le spectateur le plus indifférent; les vers, à la vérité, sont faibles.

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