Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome32.djvu/53

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ACTE III, SCÈNE IV. i;

\ ers 30. Crois-tu que sur la foi de tes fausses promesses Mon àme ose descendre à de telles bassesses?

Ose est ici contradictoire; on n'ose pas être bas.

Vers 34. Eli bien! il va périr, ta haine en est complice.

Autre impropriété. On est complice <lïin criminel, complice d'un crime, mais non pas de ce que quelqu'un va périr.

Vers 35. Et je verrai du ciel bientôt choir ton supplice.

Choir n'est plus d'usage. Cette idée est grande, mais n'est pas exprimée.

Vers 44. Ils trompoient d'un barbare aisément la fureur, Qui n'avoit jamais vu la cour ni l'empereur.

Par la phrase, c'est la fureur de Phocas qui n'avait point vu Maurice ; il faut éviter les plus petites amphibologies. Mais peut- on dire d'un homme qui commandait les armées qu'il n'avait jamais seulement vu l'empereur?

Vers 47. L'un après l'autre enfin se vont faire paroître.

C'est un barbarisme. On se fait voir, on ne se fait point pa- raître ; la raison en est évidente : c'est qu'on paraît soi-même, et que ce sont les autres qui vous voient.

Vers 52. L'esclave le plus vil qu'on puisse imaginer Sera digne de moi s'il peut t'assassiner.

Cet hémistiche, qu'on puisse imaginer, est superflu, et sert uni- quement à la rime. Quelle idée a Pulchérie d'épouser le dernier homme de la lie du peuple ? La noblesse de sa vengeance peut- elle descendre à cette bassesse ?

Vers 56. Et sans ni'importuner de répondre à tes vœux, Si tu prétends régner, défais-toi de tous deux.

Le premier vers n'est pas français. Il fallait : Et sans plus me presser de répondre a tes vœux. Remarquez encore que ce mot vœux est trop faible pour exprimer les ordres d'un tyran.

SCÈNE IV.

Vers 1. J'écoute avec plaisir ces menaces frivoles.

Cette scène est adroite. L'auteur a voulu tromper jusqu'au spectateur, qui ne sait si Exupère trahit Phocas ou non ; cepen-

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