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IV
AVERTISSEMENT.


il avait à peine connue. C’est pourquoi cette épître est écrite seulement au nom du père, M. le receveur des épices de la chambre des comptes, ou payeur de la chambre des comptes, Arouet.

Ce spécimen étant donné ici pour la satisfaction des curieux, notre recueil commence à la date de 1711, lorsque François-Marie est parvenu à sa dix-septième année et qu’il est encore élève du collége Louis-le-Grand. L’épisode romanesque des amours du futur Voltaire avec Mlle Olympe Dunoyer occupe la fin de l’année 1713 et le commencement de 1714. Puis la correspondance se développe d’année en année, et s’étend bientôt comme un vaste fleuve, jusqu’aux derniers jours de l’auteur.

Cette correspondance, qui embrasse un espace de soixante-sept ans, est une œuvre de premier ordre, un de nos grands monuments littéraires. Voltaire l’a élevé au jour le jour, à son insu. Il se trouve qu’elle est la véritable histoire du dernier siècle, le témoignage de la plus rapide et de la plus étonnante transformation d’idées qui se soit opérée jamais dans une nation, en même temps que l’autobiographie la plus sincère, la plus vivante et mouvementée qu’un homme célèbre ait laissée ad posteros. Et plus elle s’enrichit par de nouvelles découvertes, plus l’intérêt est vif, plus le tableau s’anime en se diversifiant. La valeur de cette partie de l’œuvre de Voltaire est, du reste, si unanimement reconnue aujourd’hui qu’il est inutile d’y insister[1].

La correspondance de Voltaire s’accroît d’une manière presque indéfinie. Beuchot avait déjà recueilli 7,473 lettres, et, gêné par des droits de propriété littéraire, fatigué par de longues recherches, il en avait laissé de côté un certain nombre, notamment les lettres à Mlle Quinault, imprimées en 1822, dont il avait dû se borner à donner des sommaires, et celles du recueil des Pièces inédites de Voltaire tirées de la bibliothèque de Jacobsen et publiées en 1820.

Depuis l’édition de Beuchot, des recueils importants ont été mis au jour. Les plus considérables sont les suivants :

Correspondance inédite de Voltaire avec Frédéric II, le président de Brosses et autres personnages, avec des notes par Th. Foisset ; Paris, Levavasseur, 1836, un vol. in-8°. — Nouvelle édition à la librairie Didier et Cie en 1858.

Lettres inédites de Voltaire recueillies par M. de Cayrol et annotées par M. Alph. François, avec une préface de M. Saint-Marc Girardin ; Paris, Didier et Cie 1856, deux vol. in-8°.

Lettres et documents puisés par M. Léouzon Leduc dans la bibliothèque de Voltaire au palais de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, reproduits dans diverses publications : Études sur la Russie, Amyot, 1852, in-12 ; Voltaire et la Police, Ambroise Bray, 1867, in-12.

Voltaire à Ferney, sa correspondance avec la duchesse de Saxe-Gotha ; suivie de lettres et de notes historiques entièrement inédites, recueillies et

  1. Voyez, sur les caractères littéraires de la correspondance, l’introduction en tête des Lettres choisies de Voltaire. Paris, Garnier frères, 1 vol. grand in-8° ou 2 vol. in-12.