tain qu’en lisant et en réfléchissant on augmente sa faculté de penser ; pourquoi n’augmenterions-nous pas de même cette faculté qu’on nomme liberté ? Il n’y a aucun de nos sens, aucune de nos puissances, à qui l’art n’ait trouvé des secours. La liberté sera-t-elle le seul attribut de l’homme que l’homme ne pourra augmenter ?
Je suppose que nous soyons parmi des arbres chargés de fruits délicieux et empoisonnés, qu’un appétit dévorant nous porte à cueillir : si nous nous sentons trop faibles pour voir ces fruits sans y toucher, cherchons, et cela dépend de nous, des terrains où ces beaux fruits ne croissent pas.
Voilà des conseils qui sont peut-être, comme tant d’autres, plus aisés à donner qu’à suivre ; mais aussi il s’agit d’une grande maladie, et la personne qui est languissante peut seule être son médecin[1].
Je pars samedi mâtin[3]. Je vous demande la permission d’emporter le père Lelong[4], qui me sera très-nécessaire pour m’indiquer à mesure les livres dont j’aurai besoin, et que je ferai venir de Paris. J’écris à M. Bernard, maître des requêtes, pour obtenir qu’on me prête les Généralités de M. de Boulainvilliers. Mais je ne sais pas seulement s’il s’appelle Bernard, si on lui écrit sous ce nom : ayez donc la bonté de mettre le dessus, et de m’obtenir une réponse très-prompte et très-favorable.
Souvenez-vous donc du catalogue que vous m’avez promis. Je vous demande au nom de l’amitié de m’écrire souvent, et de joindre à toutes les bonnes qualités qui m’ont attaché à vous celle d’un correspondant un peu exact. — Farewell, my friend.
Gratissima nobis fuit epistola tua, amice carissime : but again and again do not babble out you have any correspondance with
- ↑ Dans quelques éditions on trouve ici une lettre à M.*, qui est placée dans les Mélanges (1727), tome XXII, page 25.
- ↑ Éditeurs, Bavoux et François.
- ↑ Voltaire, rentré en France, vivait caché à Saint-Germain, et venait de temps à autre passer quelques jours à Paris.
- ↑ Auteur de la Bibliothèque historique de France.
- ↑ Pièces inédites. 1820.