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ANNÉE 1731.

J’ai revu aussi toutes ces petites pièces fugitives à qui vous faites plus d’honneur qu’elles ne méritent ; je les ai corrigées avec soin ; je compte, quand je serai à Paris, troquer avec vous de portefeuille ; je vous donnerai les pièces qui vous manquent, et vous me rendrez celles que je n’ai pas. Comptez que vous gagnerez au change : car vous n’avez pas l’Uranie[1] ; et, puisque vous êtes un homme discret, vous l’aurez : Quia super pauca fuisti fidelis, super multa te constituam. (Matt.,xxv, 21 et 23.)

Je vous envoie, mon cher ami, une réponse à des invectives bien injustes que j’ai trouvées imprimées contre moi dans les Semaines de l’abbé Desfontaines. Il me doit au moins la justice d’imprimer cette réponse, qui est, uti nos decet esse, pleine de vérité et de modestie. Je l’ai fait imprimer à Cantorbéry, afin que, si on me refusait la justice de la rendre publique, elle parût indépendamment du journal du Parnasse, où elle doit être insérée. Mandez-moi, je vous prie, ce que vous pensez de cette petite pièce. J’ai cru que je ne pouvais me dispenser de répondre, mais je ne sais pas si j’ai bien répondu.

Si vous imprimez l’abbé de Chaulieu, n’y mettez rien de moi, je vous prie, avant que je vous aie montré les changements que j’ai faits aux petites pièces que je lui ai adressées. Faites ma cour à M. de Chauvelin, à qui je n’ai pu écrire, étant toujours malade. Mes respects à MM. de Fontenelle et Lamotte. J’ai parlé de ces deux derniers dans ma réponse à l’abbé Desfontaines, non-seulement parce que je suis charmé de leur rendre justice, mais parce que l’abbé Desfontaines m’a accusé, dans son Dictionnaire néologique, de ne la leur pas rendre, et m’a voulu associer à ses malignités. Sépara causam meam a gente iniqua et dolosa[2]. Adieu.



216. — AUX AUTEURS DU NOUVELLISTE DU PARNASSE[3].
Juin 1734.

Messieurs, on m’a fait tenir à la campagne où je suis[4] près de Kenterbury, depuis quatre mois, les lettres que vous publiez avec succès en France depuis environ ce temps. J’ai vu, dans votre dix-

  1. Le Pour et le Contre, pièce connue d’abord sous le titre d’Épître à Julie, ou à Uranie.
  2. On lit dans le psaume xlii, verset 1er" : Discerne causam meam de gente non sancta : ab homine iniquo et doloso erue me.
  3. Voyez la note 1, tome XXII, page 372.
  4. Voltaire était alors aux environs de Rouen, mais il voulait faire croire qu’il était en Angleterre.