Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/323

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Et le mal par un goût réel,
Où la fortune et l’injustice
Ont un hommage universel ;
Mais, loin d’y faire un sacrifice,
J’ai bravé sur leur maître-autel *
Ces dieux qu’adore l’avarice ;
J’ai porté mon air naturel
Dans le centre de l’artifice.
Ce poison subtil et mortel,
Que l’on avale avec délice,
Me semble plus amer que fiel ;
Je l’ai renversé comme Ulysse ;
Je n’ai point bu dans ce calice
Tant vanté par Machiavel.
Le pied ferme, et l’œil vers le ciel.
J’étais au bord du précipice ;
J’en fus sauvé par l’Éternel :
Car on peut aller au b…
Sans y gagner la ch……

Je me rends tout entier, mon cher Cideville, aux doux plaisirs de l’amitié. Je vous écris en liberté, je jouis de la douceur de vous dire combien je vous suis attaché. Je voulais vous écrire tous les jours, mais la vie dissipée que je menais à Fontainebleau me rendait le plus paresseux ami du monde.

Je n’ai point répondu, ce me semble, à une de vos dernières lettres, où vous me parliez de ce divertissement en trois actes. Je ne sais comment j’avais pu oublier un article qui me paraît si important. Je viens de relire la lettre où vous m’en parlez ; vous me semblez indécis sur le choix du second acte. J’imagine qu’à présent vous ne l’êtes plus, et que vous avez pris votre parti à la campagne. Vous vous serez aperçu, en essayant dans votre imagination les sujets que vous vous proposiez, qu’il y en a toujours un qui se fait faire malgré qu’on en ait. Le goût se détermine tout seul vers le sujet pour lequel on se sent plus de talent.

Il est des nœuds secrets, il est des sympathies

(Corn., Rodog., act. I, sv. vii.)

Je crois donc votre sujet trouvé, et travaillé malgré vous.

· · · · · Mox, ubi publicas
Res ordinaris, grande munus
Cecropio répètes cothurno.

(Hor. liv. II, od. I, v. 10.)