Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/394

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vos études, vos espérances,
Pour aller dans le doux pays
Des agnus et des indulgences.

Votre lettre, monsieur, pouvait seule me dédommager de votre charmante conversation. La divine Emilie savait combien je vous étais attaché, et sait à présent combien je vous regrette. Elle connaît ce que vous valez, et elle mêle ses regrets aux miens. C’est une femme que l’on ne connaît pas ; elle est assurément bien digne de votre estime et de votre amitié. Regardez-moi comme son secrétaire ; écrivez-lui et écrivez-moi, malgré les amusements que vous donnent les femmes d’Avignon.

Au portrait que vous faites des hommes et des femmes du petit comtat de Papimanie,

Je vois que le grand d’Assouci
Eût aujourd’hui mal réussi ;
Car, hélas ! qu’aurait-il pu faire.
Avec son luth et ses chansons,
Auprès de vos vilains gitons
Et des déesses de Cythère ?
Le pauvre homme, alors confondu,
Eût quitté le rond pour l’ovale,
Et se fût à la fin rendu
Hérétique en terre papale.

Pour moi, monsieur, je ne crains point d’être brûlé dans les terres du saint-père, comme vous voulez me le faire appréhender ; vous savez que l’Épître à Uranie n’est pas de moi. D’ailleurs, je craindrais plus pour l’auteur de la Henriade, où les papes sont mal placés, que pour l’auteur de l’épître, où il n’est question que de la religion ; mais, quoi qu’il en soit, je ferais hardiment le voyage de Rome, persuadé qu’avec beaucoup de louis d’or, et nulle dévotion, je serais très-bien reçu.

Nous ne sommes plus dans les temps
D’une ignorante barbarie,
Où l’on faisait brûler les gens
Pour un peu de philosophie ;
Aujourd’hui les gens de bon sens
Ne sont brûlés qu’en l’autre vie.

    en 1705. Il fut d’abord vicaire général de l’archevêque de Toulouse, et ensuite de celui de Narbonne. Il était de la branche de Sade-Mazan, l’une des trois qui avait pour souche la belle Laure de Noves ; aussi composa-t-il des Mémoires sur la vie de Pétrarque. Cet ecclésiastique, mort le 31 décembre 1778, sept mois après Voltaire, passa pour être un des amants de Mme  de La Popelinière, morte vers 1752.