cie[1]. Les paroles sont de l’abbé Pellegrin, et dignes de l’abbé Pellegrin. La musique est d’un nommé Rameau, homme qui a le malheur de savoir plus de musique que Lulli. C’est un pédant en musique ; il est exact et ennuyeux.
Linant revient de la comédie, il dit qu’elle a plu assez, qu’elle n’est pas absolument froide, et qu’elle est bien écrite.
Adieu ; sur nos vieux jours nous irons ensemble aux premières représentations.
Je suis très-fâché, monsieur, que vous ayez connu comme moi le prix de la santé par les maladies. Je ne suis point de ces malheureux qui aiment à avoir des compagnons. Comptez que le plaisir est le meilleur des remèdes. J’attends de grands soulagements de celui que me feront vos lettres. Y a-t-il quelque chose de nouveau, sur le Parnasse, qui mérite d’être connu par vous ? Comment va l’opéra de Rameau ? Soyez donc un peu, avec votre ancien ami, le nouvelliste des arts et des plaisirs, et comptez sur les mêmes sentiments que j’ai toujours eus pour vous.
Mais quand pourrai-je donc, mon très-cher ami, vous être aussi utile à Paris que vous me l’êtes à Rouen ? Vous passez douze mois de l’année à me rendre des services ; vous m’écrivez de plus des vers charmants, et je suis comme une bégueule, qui me laisse aimer. Non, mon cher Cideville, je ne suis pas si bégueule ; je vous aime de tout mon cœur, je travaille pour vous, j’ai retouché deux actes d′Adélaïde, je raccommode encore mon
- ↑ Opéra joué le 1er octobre 1733.
- ↑ Marchand à Paris, et amateur des beaux-arts. Il a été longtemps, ainsi que Thieriot, correspondant littéraire de Voltaire, qui l’avait connu dans sa jeunesse. Berger fut depuis secrétaire du prince de Carignan ; il obtint par ce crédit un intérêt dans les fourrages de l’armée (voyez la lettre du 2 décembre 1734), et devint ensuite directeur de cette partie des fournitures (voyez la lettre du 7 octobre 1744). Il ne faut pas le confondre avec M. Berger, directeur de l’Opéra, à qui Voltaire écrivit aussi (voyez la lettre du 13 juin 1746). (B.)
- ↑ Une page et demie est coupée et raturée, au commencement de l’original de cette lettre, datée d’octobre 1733. (Cl.)