Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/442

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dois rien faire aveuglément. Je commence à croire que l’édition avec mon nom a la tête est une édition de Hollande. En ce cas, votre protégé n’aurait rien à craindre, ni même rien à faire à présent qu’à se tenir tranquille. Je lui demande pardon de l’avoir soupçonné ; mais il fallait qu’il m’écrivît pour prendre des mesures.

Adieu ; je vous embrasse tendrement. V.

À M. l’abbé Moussinot ; et, sous l’enveloppe, à l’ami de l’abbé Moussinot : voilà mon adresse.


407. — Á M. DE CIDEVILLE[1].
Ce 20 mai.

Par des lettres que je viens de recevoir, mon cher Cideville, on vient de m’assurer que c’est l’édition de votre protégé qui a paru, et qui a fait tout le malheur. Je n’en serai certain par moi-même que lorsque j’aurai vu les exemplaires que j’ai donné ordre qu’on m’envoyât incessamment. Il y a près d’un mois que je l’ai fait chercher dans Paris, et que je l’ai fait prier de m’écrire ce qu’il savait de cette affaire : point de nouvelles ; je ne sais où il est. Il y a apparence qu’il m’eût écrit s’il avait été innocent. Vous jugez bien que, dans cette incertitude, je ne puis rien faire. Acheter ce que vous savez est absolument inutile, et même très-dangereux. Le mieux est de se tenir tranquille quelque temps. Je lui conseille d’aller voyager en Hollande. Je ne sais si je n’irai pas y faire un tour.

J’ignore encore si l’on vous a fait toucher treize cent soixante-huit livres ; si vous les avez, je vous prie de les renvoyer à M. Pasquier, agent de change, rue Quincampoix, à Paris. Cet argent ne m’appartient pas ; il est à une personne à qui je le devais, qui en a un très-grand besoin, et qui s’en dessaisissait en ma faveur, s’imaginant que c’était un moyen sûr d’apaiser l’affaire : il ne faut pas qu’elle soit la victime de son amitié. À l’égard de Jore, je ne vous en parlerai que quand j’aurai de ses nouvelles. Conservez-moi votre tendre amitié ; je vous écrirai quand je serai fixé en quelque endroit. Jusqu’à présent je ne vous ai écrit que comme un homme d’affaires ; mon cœur sera plus bavard la première fois. Adieu ; mille amitiés à Formont et à l’abbé du Resnel.

  1. Cette lettre est timbrée, à la main, de Chaumont, ville voisine de Cirey. (Cl.)