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CORRESPONDANCE.

ma vie les marques que j’ai reçues de votre amitié, et que je vous serai toujours très-tendrement attaché.



52. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES

Villars, le jeudi… 1722.

J’ai assez bonne opinion de vous, madame, pour croire que vous vous souviendrez de m’écrire parmi les embarras de votre déménagement. J’attends avec impatience la nouvelle de la conclusion du traité avec M. de Banville. Je vous déclare d’avance que je veux avoir un pot-de-vin de cette belle affaire, qui sera, s’il vous plaît, un bon souper avec milord Bolingbroke et M. de Maisons, dans votre nouveau palais. Je crois que la proposition ne vous déplaira pas.

Et vous, mon cher Thieriot, mandez-moi si vous êtes déjà en possession de votre taudis. Je vous demande instamment un Virgile et un Homère (non pas celui de Lamotte). Envoyez cela, je vous prie, au suisse de l’hôtel de Villars, pour me le faire tenir à Villars ; j’en ai un besoin pressant. Envoyez-le-moi plutôt aujourd’hui que demain. Ces deux auteurs sont mes dieux domestiques, sans lesquels je ne devrais point voyager. Ayez donc la bonté, mon cher ami, d’user, en cette occasion, de toute la diligence que peut avoir un aussi grand paresseux que vous.

Adieu, madame ; adieu notre ami : aimez-moi un peu. Faites mes compliments au maître de la maison, si vous le rencontrez.



53. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES.

1722.

Vous avez grand tort de vous imaginer que je ne vous ai écrit que parce que j’avais besoin de livres : je vous assure que je penserais à vous quand il n’y aurait jamais eu de Virgile ni d’Homère au monde. J’ai une impatience bien vive de venir habiter les murailles ébranlées de mon grenier, que je préfère de tout mon cœur au palais doré où je suis, et surtout à la cohue qui y est au moment que je vous écris. Je ne mande rien à notre cher Thieriot aujourd’hui, parce que les gens de M. de Richelieu, qui va partir, me pressent. J’ai reçu ses livres avec votre lettre ; je l’exhorte à persister dans son indignation contre les modernes et à écrire ce qu’il m’a promis. Si ma chambre était prête, je serais déjà chez vous. Mandez-moi si je peux y trouver un lit, et je vous réponds de partir sur-le-champ. Je vous aime de tout mon cœur.