Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/101

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et de sassements continuels, que la boîte a crevé. Tout ce qui n’était pas or est en cannelle, et cinq louis d’or se sont échappés dans les batailles ; ils ont fui si loin qu’on ne sait où ils sont. Bon voyage à ces messieurs.

Quand vous ferez tant, mon cher ami, que de m’en envoyer encore cinquante, pour Dieu ! mettez-les à part bien empaquetés, à l’abri des culbutes.

Je vous demande mille pardons, mais ma délégation est un droit, et ce serait l’infirmer que de le soumettre au prince de Guise : point de politesses dangereuses.

Je vous recommande dans quelques jours les Lézeau, les d’Auneuil. Il est bon de les accoutumer à un payement exact, et de ne leur pas laisser contracter de mauvaises habitudes.

Je recommande la Mèrope, la lettre au Père Porée, l’envoi à M. de Cideville.

Vous pourrez recevoir ce mois-ci de mon frère, de M. Clément, de M. le duc de Villars, de M. d’Auneuil, de M. d’Estaing, de M. de Lézeau.

Vale, et nos ama.


1005. — À M. THIERIOT.
Le 2 janvier.

Il y a vingt ans, mon cher ami, que je suis devenu homme public par mes ouvrages, et que, par une conséquence nécessaire, je dois repousser les calomnies publiques.

Il y a vingt ans que je suis votre ami, et que tous les liens qui peuvent resserrer l’amitié nous unissent l’un à l’autre. Votre réputation m’intéresse, comme je suis persuadé que la mienne vous touche ; et mes lettres à Son Altesse royale font foi si j’ai bien rempli ce devoir sacré de l’amitié de donner de la considération à ses amis.

Aujourd’hui, un homme détesté universellement par ses méchancetés, un homme à qui on a justement reproché son ingratitude envers moi, ose me traiter de menteur impudent quand on lui dit que, pour prix de mes services, il a fait un libelle contre moi. Il cite votre témoignage, il imprime que vous désavouez votre ami, et que vous êtes honteux de l’être encore.

Je ne sais que de vous seul qu’en effet l’abbé Desfontaines, dans le temps de Bicêtre, fit contre moi un libelle ; je ne sais que de vous seul que ce libelle était une ironie sanglante, inti-