Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/128

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Si vous pouvez faire acheter une Voltairomanie, et faire un procès-verbal chez un commissaire, vous me rendrez service et à tous les honnêtes gens. Remettons les autres affaires. Vale.

Je vous prie, mon cher abbé, de vouloir bien faire dire à d’Arnaud que j’ai écrit à M. l’abbé Philippe.

J’attends les journaux de décembre. Vale.

Outre le paquet qui contient les lettres pour Mme  de Bernières, envoyez-en encore un pour M. d’Argental.

La plus extrême diligence.


1026. — À M. THIERIOT[1].
15 janvier.

Je fais un effort, et je dérobe un instant aux douleurs d’une espèce de néphrétique dont je suis encore tourmenté, pour vous dire que ma plus grande douleur est de ne point recevoir de vos nouvelles. Plusieurs de mes amis parlent à monsieur le chancelier. Tout le monde me sert, hors vous ; j’ignore même si vous avez ou non envoyé cet exécrable libelle, plus fait contre vous que contre moi, au prince royal. Je calme autant que je peux le ressentiment inexprimable de Mme  du Châtelet ; M. de Maupertuis se joint à moi, mais nous ne gagnons rien ; je vous demande en grâce de réparer votre faute.

Je ne sais pourquoi M. le marquis du Châtelet a voulu absolument vous écrire, et à M. de La Popelinière : il n’en était pas besoin ; mais M. et Mme  du Châtelet sont des amis si vifs et si respectables qu’ils aiment mieux faire trop que trop peu. La lettre de Mme  de Bernières est ce qu’on pouvait de plus fort[2]. En un mot, tout le monde a fait son devoir. Mon amitié m’assure que personne ne le fera mieux que vous ; cependant nous sommes au 15 janvier, et je n’entends point parler de vous.

Je reçois une lettre du Père Porée ; en voici les premières lignes :

« A Paris, ce 4 janvier 1739.

« Monsieur, je ne me pardonnerais pas si j’avais été assez lâche et assez perfide pour trahir jamais, en public ou en particulier, les sentiments de respect, d’estime et d’amitié que j’ai pour vous…

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Desfontaines accusait Voltaire d’avoir vécu aux crochets de cette dame. Une lettre de Mme  de Bernières, qui démontait les calomnies de l’abbé, venait d’arriver à Cirey.