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Je viens d’y ajouter un article qui vous regarde ; c’est dans l’énumération des gens de mérite qu’il a attaqués. Voici les paroles : « Il s’honorait de l’amitié et des instructions de M. l’abbé d’Olivet. Il fait imprimer furtivement un livre contre lui ; il ose l’adresser à l’Académie française, et l’Académie flétrit à jamais dans ses registres le livre, la dédicace, et l’auteur. »

Je vous prie de vous souvenir de ce que je vous ai mandé au sujet de l’écrit que je vous communiquai, il y a quelques années, et duquel on a tiré les matériaux du Préservatif.

Pour vous faire voir que l’abbé Desfontaines ne me prend pas tout mon temps, je vous envoie un des nouveaux morceaux qui entreront dans la belle édition qu’on prépare à Paris de la Henriade. J’y joins le commencement de l’Histoire du Siècle de Louis XIV. Ne souffrez pas qu’on en prenne copie. Envoyez-moi, en échange, votre préface sur Cicéron, car j’aime à gagner à mes marchés. Communiquez tout cela, je vous en prie, à vos amis, et surtout à M. l’abbé Dubos, et tâchez de tirer de lui quelques bonnes instructions sur mon histoire, à laquelle je consacrerai les dernières années de ma vie.

Je vous prie de me faire avoir le Coup d’État de Silhon[1] ; vous avez cela dans votre bibliothèque de l’Académie ; M. Thieriot me l’enverra. Dites-moi en quelle année le Testament prétendu du cardinal de Richelieu commença à paraître. J’ai de bonnes preuves que ce testament n’est pas plus de lui que le Testament de Colbert, de Louvois, du duc de Lorraine Charles, et tant d’autres testaments, ne sont de ceux à qui on en fait honneur. Celui qu’on attribue à Richelieu est, comme tous les autres, plein de contradictions. Adieu ; je vous embrasse.


1048. — À M. THIERIOT[2].
29 janvier.

Enfin Mme  de Champbonin est partie pour Paris ; elle vous rendra compte de toutes les inquiétudes que votre long silence et votre conduite avaient causées à Cirey ; mais tout est oublié si vous savez aimer.

Voici un paquet pour l’abbé d’Olivet, et donnez cela vite. Je ne sais abandonner ni mes amis ni mon honneur ; ainsi je reste à Cirey, et je fais poursuivre l’abbé Desfontaines, et je ne quit-

  1. Ou plutôt Sirmond, auteur du Coup d’Éstat de Louis XIII, 1631, in-8o
  2. MM. Bavoux et François, éditeurs de cette lettre, lui ont donné par erreur la date du 29 novembre.