Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/26

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Le continuateur s’est encore trompé lorsqu’il a voulu corriger la proportion dans laquelle j’ai dit que les corps tombent (toutes choses d’ailleurs égales) sur la terre et sur le soleil ; j’avais dit que le même corps qui tombe ici de 15 pieds dans une seconde, parcourrait 413 pieds dans la première seconde s’il tombait à la surface du soleil. Ce calcul est encore très-juste selon la mesure qui fait le soleil un million de fois gros comme la terre, et qui fait la terre à peu près quatre fois dense comme le soleil : ceci est évident.

Car le diamètre du soleil étant 100 fois le diamètre de la terre, la densité de matière de la terre étant quatre fois celle du soleil, tout le monde convient qu’en ce cas ce qui pèse une livre à la surface de la terre pèserait 25 livres sur la surface du soleil. Mais supposé que la matière de la terre ne soit pas en effet quatre fois dense comme celle du soleil, et que la proportion de 100 à l’unité subsiste toujours entre leurs diamètres, il est clair que les corps, en ce cas, doivent être attirés vers le soleil, en une raison plus grande que celle de 25 à l’unité ; et cette raison ne peut être moindre qu’en cas que le soleil soit moins massif que je ne le dis. Donc, en partant de ce théorème, que le diamètre du soleil est 100 fois celui de la terre, et que la matière de la terre n’est pas quatre fois dense comme celle du soleil, il s’ensuit que l’attraction du soleil, à sa surface, est à l’attraction de la terre, à sa surface, en plus grande raison que 25 à 1. J’ai donc eu raison, dans cette hypothèse, de dire que ce qui pèse sur la terre une livre pèse sur le soleil environ 27 livres et demie, toutes choses d’ailleurs égales.

Or si la gravitation est en ce rapport de 27 1/2 à 1, et si les mobiles parcourent ici 15 pieds dans la première seconde, ils doivent parcourir environ 413 pieds dans la première seconde, à la surface du soleil ; car 1 : 27 1/2 :: 15 : 412 1/2 ; ce qui, comme vous voyez, ne s’éloigne pas de 413 : le correcteur doit donc se corriger, et ne pas mettre 350, comme il a fait, à la place de 413, et comme il s’en vante.

Il s’est encore trompé d’une autre manière dans ce compte de 350, car il dit, dans son petit libelle, qu’il a voulu tenir compte de l’action de l’atmosphère du soleil. Il y a en cela deux erreurs : la première, c’est qu’on ne connaît pas la densité de l’atmosphère du soleil, et qu’ainsi on n’en peut rien conclure ; la seconde, qu’il n’a pas songé que, comme on ne tient pas compte de la résistance de l’atmosphère de la terre, on ne doit pas non plus parler de celle du soleil.