Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/450

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haite une meilleure pièce que Zulime ; c’est de la pluie d’été. J’avais quelque chose de plus passable[1] dans mon portefeuille ; mais on dit qu’il faut attendre l’hiver. Vous voyez que Newton ne me fait pas renoncer aux Muses ; que les dragons ne vous y fassent pas renoncer. Vous avez commencé, mon charmant Bernard, un ouvrage unique en notre langue, et qui sera aussi aimable que vous. Continuez, et souvenez-vous de moi au milieu de vos lauriers et de vos myrtes.

Je vous embrasse de tout mon cœur.


1279. — À M. L’ABBE MOUSSINOT[2].
À Bruxelles, à l’Impératrice, ce 30 mai (1740).

Je vous prie, mon cher ami, de me renvoyer la lettre du prince royal de Prusse, que M. le marquis d’Argenson vous a remise, et d’empêcher surtout qu’on n’en prenne de copie. Je vous prie même de passer chez M. d’Argenson, pour le remercier de toutes ses bontés, et lui renouveler les assurances de ma respectueuse reconnaissance. Vous lui marquerez en même temps, avec votre sagesse ordinaire, combien je serais fâché que cette lettre courût, et à quel point je lui suis obligé de sa discrétion. Ce remerciement tiendra lieu d’une prière, et l’engagera à prévenir le chagrin que j’aurais si cette pièce était publique.

J’avais donné une lettre pour vous au grand d’Arnaud ; mais je crois que la cervelle lui a tourné, et que vous n’avez pas entendu parler de lui. S’il y a quelque chose de nouveau, n’oubliez pas votre ami.

Je vais demain à une terre de Mme  du Châtelet, près de Liège, après quoi j’espère vous donner avis d’une belle vente de tableaux.

Adieu, mon cher curieux.


1280. — À FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
(Bruxelles), le 1er juin.

Monseigneur, ma destinée est de devoir à Votre Altesse royale le rétablissement de ma santé : il y a près d’un mois qu’on m’empêche d’écrire ; mais enfin l’envie d’écrire à mon souverain m’a

  1. Le Fanatisme, ou Mahomet le prophète. Voyez tome IV.
  2. Édition Courtat.