Ombre aimable, charmant espoir,
Des plaisirs image légère,
Quoi ! vous me flattez de revoir
Ce roi qui sait régner et plaire !
Nous lisons dans certain auteur
(Cet auteur est, je crois, la Bible)
Que Moïse, le voyageur,
Vit Jéhovah, quoique invisible.
Certain verset[2] dit hardiment
Qu’il vit sa face de lumière ;
Un autre nous dit bonnement
Qu’il ne parla qu’à son derrière[3].
On dit que la Bible souvent
Se contredit de la manière ;
Mais qu’importe, dans ce mystère.
Ou le derrière, ou le devant ?
Il vit son dieu, c’est chose claire ;
Il reçut ses commandements ;
Les vôtres seront plus charmants.
Et votre présence plus chère.
Je pourrai dire quelque jour :
J’ai vu deux fois ce prince aimable,
Né pour la guerre et pour l’amour,
Et pour l’étude et pour la table.
Il sait tout, hors être en repos ;
Il sait agir, parler, écrire ;
Il tient le sceptre de Minos,
Et des Muses il tient la lyre.
Mais, dieux ! aujourd’hui qu’il s’écarte
De la droite raison qu’il a !
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1370. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À la Haye, le 25 octobre[1].