toute Votre famille de mes respects, et de vous prier aussi de vouloir bien faire souvenir de moi votre respectable prélat[1], à qui je souhaite une vie presque aussi durable que sa gloire.
Jai l’honneur d’être, monsieur, avec tous les sentiments qu’on ne peut refuser à un caractère si estimable, votre…
Sire,
Vous en souviendrez-vous, grand homme que vous êtes,
De ce fils d’Apollon qui vint au mont Rémus,
Amateur malheureux de vos belles retraites,
Mais heureux courtisan de vos seules vertus ?
Vous en souviendrez-vous aux champs de Silésie,
Tant de projets en tête, et la foudre à la main,
Quand l’Europe en suspens, d’étonnement saisie,
Attend de mon héros les arrêts du destin ?
On applaudit, on blâme, on s’alarme, on espère ;
L’Autriche va se perdre, ou se mettre en vos bras ;
Le Batave incertain, les Anglais en colère.
Et la France attentive, observent tous vos pas.
Prêt à le raffermir, vous ébranlez l’empire ;
C’est à vous seul ou d’être ou de faire un césar.
La Gloire et la Prudence attellent votre char ;
On murmure, on vous craint ; mais chacun vous admire.
Vous, qui vous étonnez de ce coup imprévu.
Connaissez le héros qui s’arme pour la guerre ;
Il accordait sa lyre en lançant le tonnerre ;
Il ébranlait le monde, et n’était pas ému.
- ↑ Massillon, mort à Clermont le 18 septembre 1742.
- ↑ Voltaire, revenant de la Haye à Bruxelles, où il dut arriver le 2 ou le 3 janvier 1741, fut arrêté par les glaces pendant douze jours. Mme du Châtelet, en rendant compte de ce voyage à d’Argental, dans une lettre du 3 janvier 1741, lui dit, au sujet de Frédéric, qui avait mis en œuvre beaucoup de séductions pour retenir Voltaire : « Je le crois outré contre moi, mais je le défie de me haïr plus que je ne l’ai hai depuis deux mois. »