Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome35.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vivement émue et alarmée de voir attribuer à M. de Voltaire ce libelle, dont je le tiens entièrement incapable. L’auteur de ce premier écrit y avait inséré le fragment d’une lettre de M. de Voltaire à M. le marquis Maffei[1], dans laquelle j’étais cité comme témoin d’un fait arrivé à la Rivière-Bourdet, chez feu M. le président de Bernières, vers 1724 ou 23. J’ai essuyé beaucoup de questions sur la vérité de ce fait, et voici quelle a été ma réponse : que je me souvenais simplement du fait, mais que pour les circonstances, elles m’étaient si peu restées dans la mémoire que je ne pouvais en rendre aucun compte ; et cela n’est pas extraordinaire après tant d’années.

De là, l’auteur de la Lettre d’un avocat a pris occasion d’avancer et de me faire dire que je ne savais ce que c’était, et d’en conclure que le fait était imaginaire. C’est ainsi qu’il a abusé d’une réponse générale et très-sincère ; et c’est ainsi qu’il a mérité le démenti de ses impostures et le mépris que je fais de ses éloges.

Tout l’éclaircissement que je puis donc vous donner, madame, c’est qu’il fut question à la Rivière-Bourdet, en ces temps-là, d’un écrit contre M. de Voltaire, qui, autant que je puis m’en souvenir, était en un cahier de 40 à 50 pages. L’abbé Desfontaines me le fit voir, et je l’engageai à le supprimer.

Quant à la date et au titre de cet écrit (circonstances très-importantes au fait), je proteste en honneur que je ne m’en souviens pas, non plus que des autres.

Telles sont toutes mes notions là-dessus, et c’est en quoi consiste la

bien question de ce qui l’édifie ou de ce qui le scandalise. Ce qui me scandalise fort, moi, c’est qu’il laisse entendre par là qu’il soupçonne M. de Voltaire du Préservatif.







Il convient bien à Thieriot d’oublier les circonstances qui regardent M. de Voltaire. Il sentait bien d’ailleurs que les questions qu’on lui faisait étaient malicieuses, et sa réponse l’est assurément davantage.


L’auteur de la Lettre d’un jeune avocat ! Il est le seul qui ne le connaisse pas, et qui n’ose pas le nommer.



Cette réponse très-sincère est pourtant fausse par ce qui suit.



On sent qu’il voudrait faire croire qu’il ignorait le nom de l’auteur de ce libelle. Il fut question d’un libelle… l’abbé Desfontaines me le fit voir, comme s’il n’osait dire que l’abbé Desfontaines était l’auteur de ce libelle, et que lui Thieriot, indigné de son ingratitude, le lui fit jeter au feu.


Que dites-vous de cette parenthèse (circonstances très-importantes au fait) ? Elle est assurément très-malicieuse, car c’est dire : Vous ne pouvez tirer aucun avantage de ce que la force de la vérité me contraint d’avouer ici, car j’ignore la
  1. Voyez tome XXII, page 386.